On l’entend partout : le Covid-19 est « une bonne chose pour la planète ». D’un côté, réduction de la production industrielle, diminution des transports, arrêt de certaines activités (tourisme), confinement… De l’autre, des écosystèmes qui respirent, le retour de la nature.
Certes, la baisse d’activité liée à la pandémie offre une « petite » respiration à la nature. Suffisant ? Non, le climat reste bien sous pression. Il faut donc agir sur le long terme. Les engagements de l’Accord Paris Climat 2015 restent d’actualité. Tout comme la mobilisation de la COI et de ses partenaires.
La fausse bonne nouvelle ?
Les experts tordent le cou aux idées reçues sur le lien pandémie-confinement-climat.
« À long terme, cette crise sera une catastrophe pour le climat », prévient François Gemenne, géographe, membre du GIECC.
Ce professeur de l’Université de Liège, fin connaisseur de l’Indianocéanie, précise :
« Bien sûr il existe des effets positifs de court terme pour l’environnement : la pollution atmosphérique a atteint des niveaux planchers dans la plupart des villes confinées, et les émissions mondiales de gaz à effet de serre sont à la baisse depuis janvier. Mais sur le long terme, ces effets seront vraisemblablement insignifiants »
Les risques de l’après-Covid-19
Quels sont donc les risques ?
« L’après-Covid sera marqué par des plans de relance économique et industriel sans précédent. Il y a un risque réduction des ressources attendues pour la lutte contre les effets du changement climatique. A tout le moins, on peut craindre des reports des engagements financiers ou des mesures prises par les États. De fait, ces plans de relance ne devraient pas ignorer les accords et dispositifs internationaux en vigueur. » – Gina Bonne, chargée de mission « Environnement et Climat » de la COI.
Aussi, la COI entend maintenir, avec ses partenaires, les projets d’adaptation au changement climatique annoncés. Il s’agit, à la reprise, de poursuivre les actions en faveur de la résilience des îles.
« Le Covid-19 a offert une respiration aux écosystèmes. Or, c’est bien la réconciliation durable entre besoins économiques et respect des équilibres écologiques que nous devons viser collectivement. C’est l’une des missions premières de la COI ».
Maintenir la mobilisation
« Tous nos pays sont signataires de l’Accord de Paris. La COI les soutient dans la mise en œuvre de leurs engagements. À cet égard, nous savons pouvoir compter sur le soutien de l’AFD, de l’UE, du GCF et de nos autres partenaires. Toutefois, il nous faudra porter encore plus haut notre voix pour que les financements internationaux au bénéfice du climat et des îles soient effectivement disponibles. ». – Hamada Madi, Secrétaire général de la COI.
C’est là tout l’objet, entre autres, du processus d’accréditation auprès du GCF qui permettra de mobiliser des financements climat pour les États membres. Il en est de même du projet GCCA+ (AMCC+). Ce projet de l’Organisation des États ACP, financé par l’Union européenne, vise à préparer les îles de la région aux négociations climat et à les soutenir dans la mise en œuvre de l’Accord de Paris.
Les mesures prises face au Covid-19 ont montré, en creux, les bénéfices d’une évolution des habitudes vers des modes de production et de consommation plus sobres. C’est une occasion de repenser les modèles de développement, de redéfinir les contours de la mondialisation.
« Irons-nous vers une dynamisation des circuits régionaux, le développement des technologies respectueuses de l’environnement, des modes de consommation moins polluants ? Quoiqu’il en soit, il faudra relancer la mobilisation internationale autour des enjeux structurels que sont le climat, l’énergie, la biodiversité. »
Cette année 2020 devait être marquée par de grands rendez-vous internationaux pour le climat et la nature. Le chamboulement du calendrier ne doit pas stopper la dynamique qui se dessinait.
Le Covid-19 a aussi mis en lumière la nécessité de mieux prendre en compte les liens entre santé et climat. C’est l’un des axes du projet RSIE3 financé par l’AFD. Avec l’UE, la COI intègre pleinement cette composante dans un futur projet de prévention et réduction des risques naturels.
Les projets de la COI
La COI met en œuvre plusieurs projets liés au climat avec l’AFD, l’UE, le FFEM ou encore le GCF. À ceux-ci, s’ajouteront d’autres projets, notamment de prévention et réduction des risques de catastrophes avec l’Union européenne. À noter que le projet RSIE3 (santé), financé par l’AFD, intègre une composante “santé et changement climatique”.