La présidence en exercice du Conseil des ministres de la COI a organisé à Antananarivo, le 09 novembre, un atelier régional sur un projet “jeunesse”. Ambition: mieux cibler et impliquer la jeunesse de l’Indianocéanie dans les actions de la COI. Cet atelier a été organisé par la COI avec l’appui des ressources du projet d’appui au renforcement des capacités institutionnelles (INCA) financé par l’Union européenne.

Contexte démographique

Pour la présidence malgache de la COI, il est essentiel de porter une attention particulière à la jeunesse. “Notre richesse en ressources humaines et la potentialité de nos jeunes demeurent relativement peu exploitées, notamment quant à leur implication effective dans le rouage des actions régionales“, a indiqué Léontine Razanadrasoa, Officier permanent de liaison de Madagascar auprès de la COI. Et d’expliquer: “au regard du contexte démographique actuel où 30% de la population de tous les Etats membres de la COI sont des jeunes, près de 80% des jeunes de la région vivant à Madagascar évoluent dans un contexte socio-économique complexe.”

En effet, la démographie, bien disparate selon les îles de la région, donne une raison objective de mobiliser la jeunesse. D’ici 2040, c’est-à-dire demain, près de 9 millions de jeunes de 15 à 24 ans entreront sur le marché du travail dans nos Etats membres contre 6,2 millions en 2020. “Il nous faut donc nous préparer à tirer profit de ce dividende démographique porté par les Comores et Madagascar“, a estimé Pr. Vêlayoudom Marimoutou, Secrétaire général de la COI.

La jeunesse, une opportunité à transformer

De fait, il est nécessaire d’enclencher une “action commune et ciblée envers les jeunes, pour que leurs droits, leurs voix et leurs aspirations soient écoutés, reconnus et respectés”, a souligné l’OPL de Madagascar. Confirmation du Secrétaire général: “nous devons nous préparer à répondre aux demandes d’éducation, de formation professionnelle, de sécurité, d’échanges, de bien-être, de résilience et, bien sûr, de connectivité et de mobilité.”

Que faire donc?

La COI a commandé une étude sur les moyens de mieux cibler et impliquer la jeunesse dans ses actions. Il s’agit d’adopter une approche durable de mobilisation, de consultation et d’implication des jeunes sur des sujets divers en co-responsabilité: climat et résilience, entrepreneuriat et innovation, lutte contre la pollution plastique et promotion de l’économie circulaire, culture et santé, notamment.

Il a été convenu de procéder par étapes et de définir les axes d’interventions prioritaires. Parmi les possibilités évoquées:

  • Donner une voix à des représentants de la jeunesse lors de nos rencontres sectorielles ou même lors des réunions des instances comme cela a été le cas au 34e Conseil des ministres de la COI.
  • Créer une unité dédiée au sein du secrétariat général pour mieux prendre en compte la jeunesse au même titre que l’égalité professionnelle femme-homme.
  • Création d’une plateforme régionale de la jeunesse pour que leur représentants fassent remonter les besoins spécifiques, les idées et opportunités d’actions communes…

Cette première réunion consacrée à la jeunesse a réuni des représentants des administrations des Etats membres chargées de la jeunesse. A noter la participation active de représentants de Synergie Jeunes Comores et de la plateforme comorienne des jeunes entrepreneurs.

Des actions adhoc avec et pour la jeunesse

La COI a soutenu dès 2012 la création d’un réseau régional de jeunes entrepreneurs nommé Synergie Jeunes qui a organisé cinq éditions régionales d’un forum d’échanges et d’un concours régional ayant permis de valoriser les talents créatifs et entreprenants de nos territoires.

Dans le même temps, la COI a impulsé, en amont de la Conférence de Samoa sur les petits Etats insulaires en développement de 2014, la création d’une plateforme des jeunes des îles en développement sur les thématiques du développement durable. Cette plateforme, SYAH, a réuni des jeunes de l’Indianocéanie mais aussi du Cap Vert, de Guinée Bissau et de Sao Tome e Principe autour d’actions de sensibilisation et de plaidoyer. Les jeunes de SYAH ont participé aux rencontres internationales sur le climat, ont porté en autonomie des actions concrètes sur l’usage et la consommation de l’eau à Maurice ou encore sur les plastiques à usage unique aux Seychelles ayant conduit à l’adoption d’une loi pour leur bannissement. La COI également travaillé de concert avec la Jeune Chambre Internationale ou encore avec des entrepreneurs innovants dans le secteur de l’économie circulaire à l’occasion du Blue Champion Award en 2019.

Le Secrétaire général a aussi souligné l’accueil réservé aux jeunes professionnels à la COI. En effet, le Secrétariat général bénéficie de “l’appui utile de jeunes volontaires de solidarité internationale mis à disposition par les collectivités de La Réunion. Nous accueillons aussi des stagiaires de tous nos Etats membres qui, au sortir de la COI, connaissent souvent des parcours admirables comme tout récemment Yuv Sungkur qui a été l’une des voix de la jeunesse du Sommet sur la transformation de la jeunesse aux côtés du secrétaire général des Nations unies il y a tout juste un mois ou, il y a plus longtemps, Jean Paul Adam, qui est devenu ensuite chef de la diplomatie seychelloise, président de la COI et directeur de l’économie bleue à la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique.