Artiste atypique et engagé, Kan Chan Kin incarne cette nouvelle génération de créateurs pour qui l’art dépasse le simple divertissement. Après un parcours dans la musique électronique et l’entrepreneuriat, il a choisi de mettre son énergie et sa créativité au service d’une cause essentielle : la préservation de notre environnement.
Fondateur du projet Trash to Music, il transforme les déchets en instruments de musique et parcourt aujourd’hui le monde pour sensibiliser, transmettre et inspirer.
Son travail s’inscrit dans une approche éducative et participative qui vise à rappeler l’importance des gestes du quotidien – refuser, réduire, réutiliser, recycler – et à encourager une réflexion collective sur notre rapport à la consommation et aux déchets.
La campagne océanographique : des sensibilisations en musique
En 2025, Kan Chan Kin a pris part à la campagne océanographique et citoyenne menée d’avril à juin dans l’océan Indien, portée par la Commission de l’océan Indien (COI) à travers le projet Expédition Plastique océan Indien (ExPLOI), financé par l’Agence Française de Développement (AFD) et le Fonds français pour l’environnement mondial (FFEM).
Sa participation, en tant qu’artiste et animateur d’ateliers alternatifs,(upcycling) a permis de sensibiliser des centaines de jeunes et d’enfants à Maurice, Madagascar et aux Seychelles. Ces moments d’échange, mêlant créativité, pédagogie et engagement écologique, ont montré combien la musique peut devenir un outil de dialogue et de transformation sociale.
Le projet ExPLOI a également soutenu la publication du livre Trash to Music, dont le lancement s’est tenu en septembre 2025. Un ouvrage qui prolonge cette démarche artistique et environnementale en invitant chacun à repenser sa relation à la matière et à l’environnement.
Qui est Kan Chan Kin, l’artiste et l’homme derrière la musique ?
J’ai commencé mon parcours artistique en tant que DJ de musique électronique, activité que j’ai exercée pendant huit ans. En parallèle, je dirigeais une compagnie qui produisait une marque de vêtements appelée Endjoy.
Peu à peu, j’ai ressenti que ma musique manquait d’une véritable raison d’exister et j’ai pris conscience que l’industrie textile était l’une des plus polluantes au monde. Décidant brusquement d’arrêter ces activités, je me suis engagé aux côtés de plusieurs causes activistes concernant l’environnement et le social. Je passais beaucoup de temps dans la nature, à camper, mais aussi à observer, grandissant avec la frustration de voir toujours plus de déchets envahir nos paysages. C’est ainsi que j’ai choisi d’inspirer les gens à poser un autre regard sur les déchets et le gaspillage dans notre société.


Comment est née l’aventure Trash to Music ?
À cette époque, je commençais à fabriquer des instruments à partir de matières naturelles. Un jour, je me suis lancé le défi de créer le plus d’instruments possible avec ce que je trouvais… dans ma propre poubelle.
Lorsque j’ai commencé à auto-produire mes vidéos tutorielles Trash to Music pendant le confinement, l’initiative a rapidement attiré l’attention du public, à Maurice mais aussi à l’international. Depuis, je parcours le monde en animant des ateliers et des concerts pour montrer que les déchets peuvent être transformés en ressources et j’espère inspirer d’autres idées encore plus innovantes.
Qu’avez-vous retenu de cette campagne menée par le projet ExPLOI de la COI, placée sous le signe de l’échange, du partage des savoirs, de la passion musicale et de la recherche d’alternatives pour lutter contre la pollution plastique ?
Cette tournée dans l’océan Indien m’a offert une vision d’ensemble des dynamiques régionales. J’ai pu constater comment chaque pays évolue à sa manière, que ce soit dans la valorisation de son patrimoine culturel ou dans ses politiques de gestion des déchets.
Ces rencontres, très enrichissantes, avec l’équipe de Plastic Odyssey ainsi qu’avec de nombreux acteurs culturels et environnementaux, m’ont conforté dans l’idée que le changement positif est possible grâce à nos efforts collectifs.

Votre livre vient d’être lancé. Peut-on dire qu’il s’inscrit dans la continuité de ce désir de partage ? De quoi parle-t-il et que souhaitez-vous transmettre à travers cet ouvrage ?
Ce livre est le fruit de trois années de travail. Il pose les bases d’une méthode pédagogique autour de la culture et de la sensibilisation à la préservation de notre environnement. Mon souhait est d’en faire un outil destiné aux futurs formateurs Trash to Music.
L’ouvrage a également pour vocation de préserver notre folklore musical régional, en mettant en lumière des instruments en voie de disparition, tels que le bobre (arc musical).
Enfin, j’espère que ce livre trouvera sa place entre les mains des enfants, acteurs du monde de demain, à qui nous devons transmettre des valeurs responsables et des idées innovantes.
À travers son parcours singulier, Kan Chan Kin démontre que l’art peut être un puissant vecteur de changement. Sa démarche, qui allie musique, recyclage et pédagogie, dépasse largement le cadre artistique pour devenir un véritable projet de société. Avec Trash to Music, ses ateliers, ses performances et désormais son premier ouvrage, il transmet une conviction profonde : chacun, à son échelle, peut transformer le monde en changeant son regard sur ce qui l’entoure. Une philosophie simple et inspirante, qui résonne comme un appel à la créativité et à la responsabilité collective.














