La Commission de l’océan Indien a organisé une retraite ministérielle sur l’avenir de l’organisation 35 ans après son institutionnalisation par l’Accord général de Victoria de 1984. Les ministres et chef de délégation des Etats membres ont fixé des échéances brèves pour valider l’ensemble des mesures associées à l’évolution institutionnelle et fonctionnelle de la COI. Ces évolutions sont inscrites dans la « Déclaration de Moroni » adoptée le 3 août 2019.

Cette retraite ministérielle, tenue à Moroni (Union des Comores) du 1er au 3 août 2019 a vu la participation de Vincent Mériton, vice-président des Seychelles et président du Conseil des ministres de la COI, Mohamed El-Amine Souef, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale chargé de la Diaspora de l’Union des Comores, Naina Andriantsitohaina, ministre des Affaires étrangères de Madagascar, Nandcoomar Bodha, ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration régionale et du Commerce international de Maurice, Luc Hallade, ambassadeur français délégué à la coopération dans l’océan Indien et représentant le chef de la diplomatie française, et Hamada Madi, Secrétaire général de la COI. Preuve de l’importance de la retraite de Moroni, le président de l’Union des Comores, Azali Assoumani, a également transmis un message à l’ouverture des travaux et a fait l’honneur de sa participation à la cérémonie de clôture.

Une organisation de proximité

Ce rendez-vous de haut niveau a permis de poser les jalons d’une réforme institutionnelle et fonctionnelle de l’organisation. Il s’agit de renforcer la COI afin qu’elle amplifie son action au bénéfice de ses Etats membres qui sont également membres d’autres organisations régionales (SADC, COMESA).

La valeur ajoutée de la COI, c’est qu’elle est une organisation de proximité, la seule d’Afrique composée exclusivement d’îles : de ce fait, elle est l’outil privilégié de la défense et de la promotion de nos intérêts spécifiques.

Asseoir la dimension politique avec les chefs d’Etat et de gouvernement

Afin de consolider cette valeur ajoutée et de renforcer le positionnement politique de l’organisation, il a été proposé de formaliser les rencontres des chefs d’Etat et de gouvernement des Etats membres. Les dirigeants seront ainsi directement impliqués dans l’orientation politique et stratégique de l’organisation.

Une rencontre des chefs d’Etat et de gouvernement de la COI devrait se tenir en marge des célébrations du 60ème anniversaire de l’indépendance de Madagascar en juin 2020. En complément, les dirigeants des Etats membres seront invités à se rencontrer plus régulièrement en marge des rencontres régionales et internationales pour échanger sur les grands enjeux et les priorités de la région et, le cas échéant, définir des positions communes.

La solidarité régionale doit aussi s’exprimer par plus d’échanges. Il a été proposé de capitaliser sur les réussites et expertises sectorielles des Etats au bénéfice des autres îles. Chaque Etat membre pourrait ainsi prendre le leadership sur un secteur d’intérêt commun. Par exemple, La Réunion pourrait jouer un rôle de leadership dans le domaine des énergies vertes, les Seychelles dans les domaines de l’économie bleue et de la préservation de l’environnement et Madagascar dans le domaine de l’agriculture.

Une COI renforcée

Pour améliorer le suivi des actions régionales et donner l’impulsion nécessaire, le Conseil des ministres de la COI est appelé à se tenir deux fois par an à des périodes prédéfinies avec un agenda précis. Ainsi, les Etats membres seront plus à même de suivre et de contribuer aux activités de la COI. Les chefs de délégation ont également convenu de la nécessité de renforcer les ressources et moyens de la COI. Les Etats membres consentiront un effort financier additionnel au bénéfice du Secrétariat général. Ils s’impliqueront également davantage dans le financement des activités de la COI en complément des financements des bailleurs internationaux.

En 35 ans, la COI a gagné en attractivité. Elle accueille aujourd’hui 4 membres observateurs : Chine, Union européenne, Ordre de Malte et Organisation internationale de la Francophonie. D’autres demandes ou intérêts se sont manifestés, comme le Japon, le Sri Lanka ou la Russie. L’organisation devra réfléchir aux moyens d’y répondre dans une perspective d’approfondissement et d’élargissement des partenariats sur la base d’intérêts partagés.