Un air timide, une poignée de main légère, une parole économe et, pourtant, un esprit vindicatif. Inspectrice des pêches des Seychelles, Marie-Antoinette Saminadin a, pour la deuxième fois, participé à une mission régionale du Plan régional de surveillance des pêches de la COI. 

Durant les 19 jours de patrouille en mer, des zones maritimes comoriennes à celles des Mascareignes en passant par les eaux seychelloises et le Parc marin des Glorieuses, cette jeune trentenaire a gagné en confiance et en compétences. « C’est une expérience enrichissante », confie-t-elle d’emblée, installée dans un fauteuil trop large pour elle à côté du poste de commandement du patrouilleur Osiris. « J’ai appris de mes collègues inspecteurs des pêches [des autres pays membres de la COI embarqués sur le patrouilleur français] », dit-elle, ainsi que « de l’équipage ». Marie-Antoinette Saminadin a ainsi renforcé ses connaissances sur les techniques de contrôles, sur les législations nationales des pêches ou encore sur les enjeux de la pêche dans le Sud-Ouest de l’océan Indien.

Un sentiment de fierté

Et il y a aussi la fierté. En tant que femme, elle aurait pu ressentir une appréhension à l’approche d’un contrôle en mer. Si chaque abordage demande organisation, concentration et précaution, Marie-Antoinette affiche confiance et courage. « En tant qu’inspecteur des pêches, on a un statut, on force le respect car on est là pour faire respecter les lois », indique-t-elle avec une douceur qui tranche avec le propos. Pour elle, l’uniforme est comme une armure qui protège contre d’éventuels problèmes. Mais c’est la manière d’aborder le contrôle qui prime, prévient Marie-Antoinette. L’équipe d’inspecteurs, précise-t-elle, doit obtenir la pleine coopération de l’équipage du navire contrôlé. Cela passe par un dialogue franc et courtois.

Reste que parfois, la communication n’est pas aisée. « Les personnes à bord des bateaux contrôlés ne parlent pas toujours l’anglais ou le français. » C’est pourquoi le PRSP de la COI a fourni des questionnaires multilingues pour faciliter la tâche des inspecteurs. Il n’empêche, cela donne parfois des situations cocasses ou allonge la durée du contrôle. Dans ce cas, il est nécessaire de garder son sang-froid, de faire preuve de tact, de patience, voire même d’abnégation quand il s’agit de percer à jour une éventuelle infraction. C’est que les prises illicites se cachent parfois sous tout un tas de prises légales dans des cales à -30°C.

D’officier de police à inspectrice des pêches

Ancien officier de police, Marie-Antoinette Saminadin est aujourd’hui heureuse d’avoir quitté la terre ferme pour la mer. Ce qui lui a permis de découvrir qu’elle a le pied marin !

L’adage est connu : jamais deux sans trois. Aussi, l’inspectrice seychelloise espère bien participer à de nouvelles missions régionales de surveillance des pêches du PRSP. Ces missions, coordonnées par le COI en concertation avec les huit Etats participants (Etats membres de la COI ainsi que Kenya, Tanzanie et Mozambique), sont rendues possibles grâce au soutien de l’Union européenne qui finance le programme SmartFish de la COI qui intègre ce mécanisme régional et grâce au concours du programme SWIOFISH1 également mis en œuvre par la COI sur financement de la Banque mondiale. La 52ème mission de surveillance, à bord de l’Osiris, a également bénéficié de l’appui conséquent de la France, à travers la Direction des affaires maritimes sud océan Indien, l’Agence française pour la biodiversité et les Terres australes et antarctique françaises, entre autres.