Ce 1er Forum international sur la veille sanitaire et la lutte anti-vectorielle est une réussite aussi bien pour les organisateurs que les participants. Pour la première fois,  les acteurs de la veille sanitaire en santé humaine et en santé animale, du Pacifique, des Caraïbes, de l’Océan Indien et régions méditerranéennes françaises ont partagé et échangé sur leurs pratiques et leurs expériences face aux menaces sanitaires pour nos populations. Bilan positif pour ce forum avec des propositions d’actions présentées lors de la cérémonie de clôture.

«Une opportunité unique de rencontrer des collègues d’autres territoires insulaires confrontés aux mêmes problématiques», «un niveau scientifique rarement égalé», les raisons de se réjouir ne manquaient pas pour les quelques 300 participants de ce Forum international, qui a permis une rencontre pour la 1ère fois entre des réseaux de surveillance sanitaire et des acteurs impliqués dans la réponse aux épidémies et la lutte anti-vectorielle.

Les problèmes de santé spécifiques au climat et au contexte insulaire sont les points communs qui rassemblent les trois régions insulaires : Caraïbes, Pacifique et Océan Indien. Les îles sont vulnérables de par leur isolement et l’impact d’une épidémie sur la santé des populations s’accompagne souvent de conséquences sur l’économie touristique, dont la plupart des îles dépendent fortement. Ces questions intéressent aussi des régions françaises métropolitaines, où apparaissent des circulations de virus transmis par les moustiques.

Pendant plus d’un an, les organisateurs (Agence de Santé Océan Indien,  Commission de l’océan Indien, Institut de Veille Sanitaire, avec le soutien de l’Agence Française de Développement) ont travaillé sur un programme riche et ambitieux. Durant les trois journées, les 70 communications orales et 60 posters présentés ont créé l’occasion d’échanger sur de nombreux sujets, dont notamment : le concept One Health, associant dans une même surveillance la santé animale et la santé humaine, les différentes modalités de surveillance, d’alerte et de riposte à travers les territoires, le développement des outils e-santé, les maladies émergentes, dont les maladies animales transmises à l’homme, les nouveaux enjeux et perspectives dans le domaine de la lutte anti-vectorielle, etc.

forumParmi les initiatives et les projets en cours qui ont été présentés, citons quelques exemples :

  • La surveillance à travers les outils utilisant les nouvelles technologies : la surveillance via les SMS à Madagascar, les réseaux de laboratoires en Afrique, les applications informatiques utilisées lors de grands rassemblements de population aux Seychelles et en Nouvelle Calédonie, et l’organisation de la surveillance des passages aux urgences à la Réunion.
  • Les technologies mobiles et innovantes qui vont permettre à l’individu d’être acteur de sa propre santé : projet « population sentinelle » à la Réunion,  alertes  diffusées par SMS aux professionnels de santé, prises de photos d’un insecte vecteur à partir d’un téléphone mobile et diffusion aux professionnels concernés.
  • Le rôle important des laboratoires dans la confirmation des diagnostics avec l’implication des contrôles qualité, l’appui des centres de références et l’emploi de nouvelles méthodes de transports d’échantillons avec l’utilisation des papiers buvards.
  • Les nouvelles technologies de lutte anti-vectorielle toujours plus innovantes pour lutter contre les moustiques : technique de l’insecte stérile développée actuellement à La Réunion et dans l’océan Indien, dont les premiers essais présentent des résultats très encourageants, moustiquaires imprégnées d’insecticides longue durée, qui ont permis ces dernières années une diminution significative des cas de paludisme, programmes de mobilisation communautaire dans la lutte contre les vecteurs, associant de plus en plus les techniques classiques des entomologistes à celles des sciences sociales et de la communication.

Ce forum a donné l’opportunité aux participants d’améliorer leurs connaissances, à travers les exposés scientifiques et de confronter leur point de vue avec les intervenants. Il a été aussi l’occasion de faire le point avec des experts de haut niveau sur les alertes sanitaires en cours (nouveau Coronavirus, grippe H7N9) et sur la gestion des maladies émergentes. Dans les couloirs du Forum, les participants ont également eu l’occasion de rencontrer leurs homologues des autres pays et territoires insulaires et développer un réseau de connaissances indispensable à leurs pratiques.

Le rassemblement lors d’un tel Forum permet la mise en commun de savoir-faire et de bonnes pratiques, qui peuvent être déclinées, adaptées et enrichies dans les différentes régions pour permettre à l’ensemble des acteurs de progresser pour mieux faire face aux maladies émergentes et menaces sanitaires. L’objectif étant pour tous : la protection des populations et pour cela, l’anticipation, la surveillance, la gestion et l’organisation  de la riposte en cas de crise épidémique.