Plus de 120 représentants de 30 délégations sont à Moroni du 12 au 14 juin 2023. Le gouvernement de l’Union des Comores accueille une « conférence ministérielle sur l’économie bleue et l’action climatique en Afrique : les Etats côtiers et insulaires à l’avant-garde ». Ce rendez-vous, à la fois technique, institutionnel et politique, se veut un temps fort de la présidence comorienne en exercice de l’Union africaine. En effet, en prenant la présidence de l’instance continentale en février dernier, le président de l’Union des Comores, M. Azali Assoumani, a indiqué faire de l’économie bleue et la promotion des spécificités insulaires des priorités de son mandat.

Une conférence, trois séquences

La conférence Moroni est l’occasion de trois temps forts.

D’abord, une table ronde sur les spécificités insulaires. En deux sessions, l’une sur les défis et opportunités de l’économie bleue pour les Etats insulaires africaine et l’autre pour une mobilisation des Etats insulaires africains dans une action collective climat-océan. Les experts y traiteront de la zone de libre échange continentale africaine (ZLECAf), de connectivité, de sécurité maritime ou encore de fragilité environnementale, de solutions basées sur la nature. La COI y présentera l’architecture régionale de sécurité maritime comme un prélude à une architecture continentale de sécurité. Elle informera également des actions en cours pour la résilience climatique tout en soulignant l’importance d’investir dans les écosystèmes critiques, dans la formation technique et professionnelle et dans les sciences.

Deuxième temps, une réunion d’experts sur la Grande muraille bleue. C’est une initiative collective portée par l’Union africaine, la Commission économique pour l’Afrique et l’UICN pour atténuer les effets du changement climatique. L’idée est de développer des mécanismes financiers innovants basés sur les écosystèmes marins et côtiers ce qui oblige à la conservation et à leur gestion intégrée. Pour la COI, les réseaux régionaux créés (herbiers, mangroves, sciences marines, etc.) et les projets en cours, dont RECOS, MASE, Hydromet, AIODIS, sont autant de briques sur lesquelles capitaliser.

Troisième temps, c’est le temps politique. Les ministres et hauts-officiels de dix Etats insulaires et côtiers d’Afrique, le président de la Commission de l’Union africaine, le Secrétaire général de la COI, le directeur de l’UICN, entre autres, seront réunis autour du chef de l’Etat comorien et président en exercice de l’Union africaine. Les échanges politiques de cette séquence nourriront la Déclaration de Moroni qui sera proposée pour adoption et plus encore « le processus de Moroni ».

Ce « processus de Moroni » inaugurera un cycle de plaidoyer et de propositions concrètes pour la prise en compte des spécificités insulaires aux échelles continentale et internationale et pour l’action climatique africaine. Les recommandations qui alimenteront le processus de Moroni seront portés au Sommet mondial pour le nouveau pacte financier ou encore la COP28 sur le climat, entre autres.

Etats insulaires africains

La COI, à travers son projet SWIOFISH2 financé par la Banque mondiale, a permis la participation des représentants de Guinée Bissau, de Sao Tome e Principe, de Madagascar et des Seychelles à la conférence. Ces participants sont des responsables de l’économie bleue et circulaire dans leur pays respectif. Cette représentativité des Etats insulaires d’Afrique, incluant les Comores, Maurice et le Cap vert également présents, a permis de mettre en lumière les intérêts partagés et de réaffirmer le rôle que la COI doit continuer à jouer comme seule organisation régionale d’Afrique exclusivement insulaire.

La conférence de Moroni est organisée par le gouvernement de l’Union des Comores en partenariat avec la Commission de l’Union africaine, la Commission économique pour l’Afrique, le Programme des Nations unies pour le développement, l’Union internationale pour la conservation de la nature et la COI.