La situation politique à Madagascar reste calme et maîtrisée malgré la tension créée par le retour inopiné de l’ancien président Marc Ravalomanana dans la Grande île.
C’est le constat fait par le Secrétaire général de la Commission de l’océan Indien (COI) à l’issue d’une visite de 48 heures à Antananarivo.
Après un long entretien avec le président de la République, Hery Rajaonarimampianina, au Palais de Iavoloha, le vendredi 17 octobre, Jean Claude de l’Estrac s’est déclaré rassuré par la volonté du chef de l’Etat de continuer à œuvrer dans le sens de l’apaisement et de la réconciliation nationale. “Même s’il condamne fermement les conditions inacceptables de ce retour et la contestation de sa légitimité démocratique, le chef de l’Etat malgache espère pouvoir se saisir de la présence de Marc Ravalomanana dans le pays pour relancer le processus voulu par tous de la réconciliation nationale“.
Le Secrétaire général de la COI estime que le chef de l’Etat malgache a été très réconforté par la condamnation unanime de la communauté internationale des agissements de l’ancien président.
Hery Rajaonarimampianina a souligné, en particulier, la prise de position de l’Union africaine dont la présidente de la Commission, le Docteur Nkosazano Dlanni-Zuma, “considère que la remise en cause de la légitimité des institutions malgaches, issues d’élections libres et démocratiques et dont les résultats ont été reconnus par l’ensemble de la communauté internationale, y compris l’Union africaine et la SADC, est une provocation inadmissible“.
Malgré des propos jugés toujours provocateurs par des représentants de la mouvance Ravalomanana, qui tendent à contester cette légitimité, le président de la République se dit déterminé à rechercher les voies et moyens de la réconciliation nationale.
Au cours de sa visite, le Secrétaire général de la COI a également rencontré l’ancien président Didier Ratsiraka avec qui il a discuté de la question de l’apaisement politique. Plusieurs propositions ont été évoquées. L’ancien président avait publiquement suggéré une conférence au sommet de tous les anciens chefs de l’Etat malgaches.
Jean Claude de l’Estrac a discuté également de ces questions avec le ministre Roland Ravatomanga, chef de la délégation de la mouvance Ravalomanana.
Celui-ci s’est dit également favorable au principe de la réconciliation nationale mais déplore les “signaux contradictoires” de l’Etat, d’un côté le discours officiel sur l’apaisement, de l’autre les “méthodes intolérables” utilisées par le Groupe de sécurité et d’intervention spécial (GSIS) contre l’ancien président et ses proches.
On note à ce sujet le communiqué de la délégation de l’Union européenne à Madagascar qui « encourage les autorités malgaches, ainsi que toutes les parties prenantes, à agir en plein respect à l’Etat de droit. »
La délégation de l’Union européenne souligne que l’action « unilatérale » et les propos de l’ancien président « compromettent » les acquis démocratiques obtenus à la suite d’un long et difficile processus de sortie de crise appuyé par la communauté internationale y compris par l’union européenne.
Le chef de l’Etat malgache s’est également félicité de la déclaration du porte-parole du Quai d’Orsay en France et de l’ambassade américaine à Antananarivo.
Enfin, le Secrétaire général de la COI a fait un tour d’horizon diplomatique des questions intéressant la région avec Mme Harisoa Lala Razafitromo, ministre des Affaires étrangères de Madagascar et présidente du Conseil de la COI.