L’Indianocéanie est l’un des 34 points chauds de la biodiversité mondiale. Autrement dit, la diversité biologique des îles du Sud-Ouest de l’océan Indien est riche mais aussi très menacée. Parmi les menaces sur la biodiversité, on compte le braconnage et le commerce illicite d’espèces sauvages. C’est d’ailleurs le sujet d’un atelier régional qui se tient à Maurice du 16 au 20 janvier 2023. Organisé par la COI et l’ONG TRAFFIC, avec le soutien du département d’Etat des Etats-Unis et de l’Union européenne, cet atelier vise à renforcer les synergies entre les départements nationaux dans la lutte contre les crimes environnementaux.

En chiffres

7 à 23

milliards de $

C’est le montant des revenus générés par le commerce illicite d’espèces sauvages dans le monde chaque année, ce qui en fait la quatrième filière criminelle transnationale la plus lucrative.

140

C’est le nombre de saisies officielles et rapportées de cargaisons illicites d’espèces sauvages dans les Etats de la région (Comores, Madagascar, Maurice, Seychelles, Zanzibar) en 2005 et 2020.

29 000

C’est le nombre de tortues endémiques de Madagascar qui ont été saisies entre 2005 et 2020. Ce chiffre serait en-dessous de la réalité du commerce illégal de tortues malgaches.

Commerce des espèces sauvages : quels impacts ?

Le premier impact auquel on pense, c’est la perte de biodiversité. En effet, le commerce illicite d’espèces animales ou végétales déséquilibre des écosystèmes. Mais ce n’est pas la seule conséquence.

L’ONG TRAFFIC rappelle ainsi que le trafic d’espèces sauvages touche de nombreuses sphères de la société. Les conséquences sont d’ordre :

  • Economique : les communautés locales peuvent être privées de ressources nécessaires à leurs activités ; l’attractivité des territoires, notamment lorsqu’elle repose sur la richesse naturelle, peut s’en trouver affectée ;
  • Alimentaire : les ressources marines ou terrestres qui aiguisent les convoitises de filières criminelles jouent parfois un rôle important dans l’alimentation des populations ;
  • Sanitaire : risque d’introduction de zoonoses (maladies d’origine animale)
  • Ecologique : risque d’introduction d’espèces invasives qui mettent péril les écosystèmes locaux, plus particulièrement dans les îles marqué par un fort taux d’endémicité déjà sous pression ;
  • Sécuritaire : implantation de filières criminelles, génération de revenus illicites qui alimentent des activités potentiellement déstabilisatrice, menaces sur les populations locales…

Que faire ?

Les arsenaux juridiques et la mise en place d’administrations chargées de la prévention, du contrôle et de la répression est indispensable pour lutter efficacement contre le commerce illicite d’espèces naturelles. Toutefois, les pays n’ont pas tous les mêmes moyens. Ainsi, la coopération régionale s’avère importante pour améliorer la circulation de l’information, renforcer les capacités des administrations et sensibiliser sur le caractère multiforme de ce commerce illicite.

Pour ce qui est de la COI, plusieurs projets participent au renforcement de la résilience, à la gestion durable des milieux marins et côtiers et à une gestion responsable des ressources naturelles. En outre, la mise en place d’un mécanisme régional de sécurité maritime contribue à la lutte contre ces filières criminelles. Les principales routes relient l’Afrique à l’Asie. L’Indianocéanie est non seulement un lieu d’origine d’espèces passées en contrebande mais aussi un lieu de transit. C’est pourquoi l’architecture régionale de sécurité maritime disposant de deux centres régionaux d’information et de coordination d’opérations en mer cible aussi le commerce illicite d’espèces sauvages qui passent par les voies maritimes.

Objectifs de l’atelier 

A l’issue de cet atelier, l’objectif de l’ONG TRAFFIC et de la COI est de :

  • Sensibiliser sur les outils SADC-Twix qui concernent l’identification des acteurs de la région Afrique australe engagés dans la lutte contre le trafic d’espèces sauvages (agriculture, douane, santé…) ainsi que la formation et l’échange d’expérience ;
  • Faciliter la création d’un espace de dialogue ou d’un réseau sous-régional des institutions chargées de la lutte contre le commerce illicite d’espèces animales et végétales.