Programme chargé pour la petite délégation de la COI à la COP29 sur le climat. Gina Bonne, chargée de mission « Environnement et Climat », et Bryan Chung Kai To, coordonnateur finances – opérations, ont représenté la COI à Bakou du 11 au 22 novembre 2025. Objectifs : accélérer l’accès au financement climatique pour les Etats membres de la COI et, plus largement, pour l’ensemble des îles d’Afrique.
Les missionnaires de la COI ont enchainé les rencontres. Au programme :
- Des sessions de travail avec les représentants des principaux fonds climatiques et fonds multilatéraux partenaires de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CNUCC) dont le Fonds vert pour le climat, le Fonds d’adaptation ou encore le Fonds de l’OPEP pour le développement international ;
- Une participation active, en tant que panélistes, à plusieurs évènements parallèles ;
- L’organisation d’un dialogue de haut-niveau avec le ministère de l’Agriculture, du Changement climatique et de l’Environnement des Seychelles, présidence en exercice de la COI et de la Commission des Etats insulaires d’Afrique sur le climat (AISCC), et la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (UNECA) intitulé « Partenariats stratégiques pour la résilience climatique et une finance équitable pour les îles d’Afrique ».
Un dialogue africain et insulaire
En collaboration avec le gouvernement des Seychelles et l’UNECA, la COI a organisé un dialogue de haut-niveau sur les partenariats stratégiques en faveur du climat dans les îles d’Afrique. En ligne de mire : faire valoir les besoins et faciliter l’accès aux financements climatiques.
Les différentes interventions ont fait ressortir la vulnérabilité croissante des États insulaires face aux changements climatiques avec des conséquences socioéconomique, y compris au niveau macro en ce qu’il s’agit du surendettement des pays les plus fragiles. Les représentants des Etats insulaires d’Afrique ont appelé à:
- Des accompagnements techniques dans la mise en œuvre des politiques d’adaptation ;
- La simplification des dispositifs financiers multilatéraux avec une attention spéciale accordée aux pays fragiles, notamment insulaires ;
- La mise en place effective du fonds pour les pertes et préjudices selon des principes de justice climatique et d’équité afin que les Etats insulaires puissent y accéder rapidement et de manière effective ;
- Un rôle accru de l’AISCC dans la mobilisation des partenariats jugés vitaux pour l’avenir des Etats insulaires d’Afrique. La Guinée Bissau a indiqué sa disponibilité à accueillir la prochaine réunion de l’AISCC en mars 2025. Le Cap Vert a, de son côté, souligné l’importance d’arrêter un mode de coordination efficace du groupe AIS (îles africaines de l’Atlantique, de l’océan Indien et de la mer de Chine méridionale) et de poursuivre le dialogue en vue d’une reconnaissance de Madagascar comme petit Etat insulaire en développement au regard des vulnérabilités communes.
Les partenaires et institutions financières présentes ont mis en lumière les diverses facilités existantes pour les États insulaires. Ils ont encouragé ces États à entreprendre les démarches nécessaires pour obtenir leur accréditation auprès de ces fonds.
Cet évènement Seychelles – COI – UNECA organisé au sein du pavillon de l’Union africaine a vu la participation des ministres chargés de l’Environnement et du Climat des Seychelles et de Sao Tomé e Principe, des ambassadeurs du Cap Vert et de Guinée Bissau, des hauts représentants des Etats membres de la COI et de Zanzibar ainsi que des représentants des partenaires dont les Nations unies et ses agences (UNECA, UNDESA) la Banque africaine de développement, le Fonds vert, le Fonds d’adaptation, le Fonds pour l’environnement mondial ou encore la présidence de l’Alliance des petits Etats insulaires (AOSIS).
Un dialogue confiant et consolidé avec les partenaires de la finance climatique
D’abord, il convient de rappeler que la COI a obtenu l’accréditation auprès du Fonds vert pour le climat en juillet 2024. Elle est la seule organisation intergouvernementale d’Afrique orientale et australe à être accréditée. Cette accréditation ouvre la voie à des financements de projets d’adaptation et d’atténuation des effets du dérèglement climatique jusqu’à 50 millions de dollars. Les prochaines étapes ? La signature de l’accord-cadre d’accréditation puis la mise en place d’un « pipeline » de projets. Des consultations avec les Etats membres débuteront rapidement pour identifier les projets à proposer au financement du Fonds vert pour le climat.
A Bakou, les représentants de la COI ont rencontré les représentants du Fonds vert pour convenir des prochaines étapes. Ces rencontres sont importantes pour rendre compte du renforcement des procédures nécessaires à la gestion de ces financements et pour saisir les priorités de l’organisation d’Incheon. En effet, le Fonds vert pour le climat a confirmé l’attention prioritaire accordée à l’Afrique et aux petits Etats insulaires en développement ainsi qu’aux thématiques de la santé, de la sécurité alimentaire ou encore de gestion des écosystèmes océaniques et côtiers.
D’autres sessions de travail ont eu lieu avec les représentants du Fonds d’adaptation. Ce mécanisme financier a été établi en 2001 pour faciliter la mise en œuvre du protocole de Kyoto sur la réduction et l’évitement des émissions de gaz à effets de serre.
A ce jour, le Fonds d’adaptation ne finance pas de projets régionaux en Indianocéanie. L’accréditation de la COI auprès du Fonds vert pour le climat a ici joué un effet levier. En effet, l’opportunité d’une accréditation auprès de cette entité a été discutée. Cela permettrait d’élargir l’assiette des partenariats climatiques au bénéfice de la région.
De même, la réunion avec les représentants du Fonds de l’OPEP pour le développement international ouvre la voie à des expertises permettant de formuler des projets d’adaptation ou d’atténuation. Ces expertises sont essentielles pour proposer des projets solides pouvant bénéficier des ressources du Fonds vert pour le climat ou du Fonds d’adaptation.
Partage d’expériences de l’Indianocéanie
Outre les négociations, les COP sur le climat sont aussi l’occasion de porter un plaidoyer en marge des salles plénières. Ce sont les évènements parallèles. Ces rencontres permettent de partager des expériences, de nouer des collaborations et de se confronter aux bonnes pratiques comme aux leçons apprises.
Avec la délégation de Madagascar, Gina Bonne a présenté, en tant que panéliste, les actions de la COI dans les domaines des pêches durables et de l’économie bleue ou encore de la réduction des risques de catastrophes. Elle a notamment présenté l’observatoire des impacts du changement climatique sur les pêches mis en place à travers le programme ECOFISH ainsi que les initiatives de prévention et d’intervention face aux risques et les exercices de terrain menés via le projet RDRM. Ces deux projets sont financés par l’Union européenne.
La COI a partagé son expérience en matière de mobilisation de la finance climat dans un évènement organisé par l’Institut de la Francophonie pour le développement durable (IFDD). Les missionnaires de la COI sont aussi intervenus dans un évènement parallèle sur le renforcement des capacités des services météorologiques. Ils y ont présenté le programme Hydromet cofinancé par l’AFD, l’UE et le Fonds vert pour le climat. Ce programme vise l’amélioration technique et technologique des services météorologiques afin d’élargir la palette des services climatiques pour la planification sectorielle, la prise de décision et la mise en place de systèmes d’alerte précoce efficaces. Cet évènement était organisé par l’Union africaine et l’OEACP.
La délégation de la COI a aussi activement participé à des activités organisées par l’Union africaine. Les enjeux de la ressource en eau, le lien climat – paix et sécurité ou encore climat – sécurité alimentaire sont autant de sujets qui ont retenu l’attention et sur lesquels il a été possible de faire ressortir les spécificités insulaires des îles d’Afrique.
Sur le volet jeunes, la COI a pris part aux délibérations des jeunes d’Afrique sur le lien climat et paix ainsi sur la caravane du climat impliquant des jeunes volontaires pour l’environnement en Afrique. Les jeunes des Caraïbes, à travers leur programme « Caricom Youth Ambassador Program » en collaboration avec le Climate Justice Academy, ont appelé à la généralisation de programmes d’éducation à l’environnement et au changement climatique, tout en appelant à une meilleure prise en compte de la jeunesse dans les négociations et prises de décisions.
Parmi les autres évènements auxquels la délégation de la COI a participé : une rencontre sur la décarbonation du transport maritime organisée par la Grèce ou encore sur l’intégration des technologies dans les politiques d’urbanisation intelligente par l’ONUDI lors de laquelle la COI a présenté la stratégie régionale de transition énergétique.