Du 12 au 14 juin, plus d’une centaine de représentants de 12 pays insulaires et côtiers d’Afrique et d’une dizaine d’organisations régionales, internationales et partenaires au développement se sont réunis à Moroni (Comores). La présidence comorienne de l’Union africaine y tenait une « conférence ministérielle sur l’économie bleue et l’action climatique en Afrique : les Etats insulaires et côtiers à l’avant-garde ». La Commission de l’océan Indien y était partenaire aux côtés de la Commission de l’Union africaine (CUA), de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

Cette conférence a permis d’initier un « processus de Moroni » qui vise notamment à :

  • Plaider pour une reconnaissance et une prise en compte des spécificités des Etats insulaires d’Afrique dans les structures, stratégies, politiques et cadres régionaux, continentaux et internationaux ;
  • Accélérer la mobilisation pour la mise en œuvre de la Grande muraille bleue sous la coordination de l’UICN et la CEA. La Grande muraille bleue, pendant marin de la Grande muraille verte sahélienne, est une initiative lancée à la COP27 de Sharm el-Sheikh.
  • Promouvoir l’économie bleue et circulaire comme des leviers pour la mise en œuvre de la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).

Un océan en partage

Intervenant dans la session de cadrage, le Pr. Marimoutou, Secrétaire général de la COI, a insisté sur l’importance d’une action diversifiée, coordonnée, immédiate et ambitieuse en faveur des biens communs. L’un de ces premiers biens communs, c’est l’océan.

Sécurité maritime, résilience climatique et préservation de la biodiversité marine et côtière, formation et recherche scientifique ainsi que partenariats et accès facilité aux mécanismes de financement étaient au cœur du message de la COI.

La conférence en images 

 © Commission économique des Nations unies pour l’Afrique

En effet, la COI met en œuvre des projets qui contribuent au développement de l’économie bleue et à la résilience des écosystèmes et des populations de l’Indianocéanie.

« La COI faisait de l’économie verte et de l’économie bleue avant que ces termes n’apparaissent dans le lexique des relations internationales », a souligné Pr. Marimoutou.

A Moroni, la COI a démontré que l’océan est un lien, un champ d’opportunités pour les Etats insulaires et côtiers mais aussi pour l’ensemble du continent et au-delà. Il est non seulement question des opportunités socioéconomiques de l’économie bleue mais aussi de contribution tangible à l’atténuation des effets du changement climatique. Il s’agit de protéger les écosystèmes fragiles, de les restaurer par des solutions basées sur la nature et de capitaliser sur ces milieux naturels marins et côtiers dans une optique d’action climatique comme de services rendus aux communautés. D’ailleurs, l’initiative de la Grande muraille bleue suit cette logique.

« Faire autrement »

Lors du segment de haut-niveau, sous le haut-patronage du S.E.M. Azali Assoumani, président de l’Union des Comores et président en exercice de l’Union africaine, le Secrétaire général a appelé les Etats, organisations et partenaires présents à « faire autrement ».

Il s’agit, notamment, de réinventer les conditions de l’aide au développement en assurant concrètement un accès facilité aux Etats insulaires. Par exemple, en reconnaissant les besoins spécifiques des Etats insulaires d’Afrique dans le dialogue Union africaine – Union européenne ou encore en développement des mécanismes de « finance bleue ». Il est aussi question de formation professionnelle et technique, de recherche scientifique, d’entrepreneuriat et de synergies entre les mondes de la recherche et de l’entreprise avec un objectif de résilience.

Processus de Moroni

Le processus de Moroni lancé à l’issue de la conférence ministérielle est appelé à nourrir le plaidoyer de la présidence comorienne en exercice de l’Union africaine. D’ores et déjà, la déclaration adoptée à Moroni a permis d’alimenter les discussions du chef de l’Etat comoriens avec ses pairs et les partenaires lors du Sommet de Paris pour un nouveau pacte financier mondial. Elle sera également portée, notamment en ce qui concerne le soutien à la Grande muraille bleue, au Sommet africain sur le climat de Nairobi en septembre prochain et à la COP28 du Dubai à la fin de l’année, entre autres.

En marge de la Conférence ministérielle, le chef de l’Etat comorien a reçu le Secrétaire général de la COI au palais Beit-Salam. Cet entretien d’une heure a été l’occasion d’échanger sur les priorités de la présidence comorienne de l’Union africaine et les soutiens que pourra apporter la COI. La formation professionnelle et technique et la mobilité ont été l’objet de larges convergences de vue. A cet égard, le programme de formation professionnelle et mobilité ou encore l’idée d’un institut régional des sciences océaniques et du climat ont particulièrement retenu l’attention de S.E.M. Azali Assoumani.

Outre le Secrétaire général, la délégation de la COI comprenait des responsables du secrétariat général et des experts des projets SWIOFISH2 financé par la Banque mondiale et du programme MASE financé par l’Union européenne. En outre, la COI a facilité la participation de délégués de Guinée Bissau, de Sao Tome et Principe, de Madagascar et des Seychelles