Le 12 février 2025, à Antananarivo, s’est tenue la cérémonie de clôture du Programme régional d’appui à la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans l’océan Indien (SANOI), marquant la fin d’une initiative multiforme et multiacteurs financée par l’Union européenne et mise en œuvre par la Commission de l’océan Indien (COI). Lancé en 2020, SANOI a soutenu 13 projets dans quatre États membres de la COI — Madagascar, Maurice, les Comores et les Seychelles — avec pour objectif de renforcer la résilience des systèmes alimentaires face aux défis climatiques, économiques et sanitaires.

Des résultats concrets pour les communautés locales

Parmi les réalisations phares, le projet Food-Sec Semence a permis de relancer les filières de production de semences certifiées adaptées aux conditions agroécologiques locales. À Madagascar, la production de semences de maïs est passée de 7 kg en 2022 à 30 tonnes distribuées à travers le pays. Des variétés de haricots et de pommes de terre ont également été multipliées dans des conditions sanitaires strictes, assurant une production homogène et exempte de maladies.

Le programme a également eu un impact significatif sur les producteurs locaux. Plus de 40 000 exploitants, dont 60 % de femmes, ont bénéficié d’un accès facilité aux semences adaptées au changement climatique.

Renforcement des capacités et des outils numériques

Le projet Stat SANOI, développé en collaboration avec la FAO, a mis en place des plateformes numériques nationales et une plateforme régionale pour collecter et gérer les données agricoles et nutritionnelles. Ces outils permettent d’anticiper les crises alimentaires et d’orienter les décisions politiques. Madagascar et Maurice ont été les premiers à bénéficier de ces plateformes, suivis des Seychelles et des Comores début 2025.

Lutte contre la malnutrition et sensibilisation

Des projets tels que HIPAMPISABY et NUTRISAN à Madagascar ont contribué à prévenir la malnutrition infantile en sensibilisant 40 000 femmes à l’amélioration de l’alimentation des nourrissons et des jeunes enfants âgés de 0 à 5 ans. Aux Comores, la plateforme numérique DAYIMA a été développée pour sensibiliser les adolescents à la nutrition, favorisant ainsi de meilleures habitudes alimentaires dès le plus jeune âge. Des campagnes nationales sur la nutrition ont également été organisées à Maurice et aux Seychelles. Ces campagnes ont notamment insisté sur l’équilibre nutritionnel dans les habitudes alimentaires pour lutter contre les maladies non-transmissibles, dont le diabète.

Sécurité sanitaire et phytosanitaire

Le projet Jumelage SPS, en partenariat avec des institutions françaises et italiennes, a renforcé les systèmes de surveillance sanitaire et phytosanitaire des produits agroalimentaires. Ce projet a permis d’améliorer la qualité des produits pour éviter les obstacles à l’exportation et favoriser les échanges entre les administrations des pays partenaires.

Une vision pérenne pour l’avenir

La clôture du programme SANOI ne marque pas la fin des efforts en matière de sécurité alimentaire dans la région. Comme l’a souligné le Secrétaire général de la COI, Edgard Razafindravahy:

« SANOI s’achève, mais le travail continue. Nous devons maintenant aller plus loin, transformer ces acquis en action durable et maintenir et amplifier cette dynamique. »

Face aux défis persistants liés au changement climatique, à la volatilité des prix alimentaires et aux coûts du transport, la COI mise sur une augmentation des échanges agricoles et agroalimentaires entre ses membres pour réduire la dépendance aux importations et renforcer la résilience des systèmes alimentaires locaux. Une conférence ministérielle est prévue pour explorer la création d’un espace agricole régional favorisant l’accès à la terre pour l’investissement et garantissant la disponibilité des semences.

Une transition vers de nouvelles perspectives régionales

Les acquis du programme SANOI alimenteront directement les réflexions de la Conférence ministérielle sur la sécurité alimentaire, prévue en mars 2025 à Madagascar, ainsi que les travaux du 5e Sommet de la Commission de l’océan Indien, qui se tiendra dans la capitale malgache le 24 avril 2025. Cette transition s’inscrit dans une continuité stratégique : les actions de SANOI sont en cohérence avec le Programme régional de sécurité alimentaire et de nutrition (PRESAN), cadre général d’intervention de la COI dans ce domaine.

PRESAN vise à articuler les réponses régionales aux enjeux structurels de l’insécurité alimentaire, à renforcer la souveraineté alimentaire des États membres et à assurer un développement durable, équitable et inclusif dans l’océan Indien. À travers SANOI, le partenariat COI-UE soutient les ambitions régionales en actions concrètes, utiles et durables pour les populations.