Le programme ENERGIES a récemment organisé une formation de journalistes malgaches au traitement médiatique des énergies renouvelables. Une expérience riche en enseignements.  

Faire de la transition énergétique en Indianocéanie une réalité requiert l’implication de tout un chacun. Pour cela, les populations de la région doivent être pleinement conscientes des enjeux de la problématique énergétique. Et qui dit sensibilisation dit médias. Après des reporters comoriens l’année dernière, ce sont 14 communicants malgaches, dont 10 journalistes, qui ont récemment eu l’opportunité de suivre une formation au traitement médiatique des énergies renouvelables organisée par le programme ENERGIES mis en œuvre par la COI et financé par l’Union européenne.

Dispensé par Laurent Decloitre, lui-même journaliste à Libération et responsable de l’option Journalisme à l’Université de La Réunion, ce cours intensif de deux semaines a fait la part belle aux reportages de terrain pour le plus grand plaisir de ceux qui l’ont suivi. Cette formation, qui s’est déroulée du 25 juin au 6 juillet 2018, a également vu la constitution d’une Association océan Indien de journalistes spécialisés en développement durable.

« J’ai aimé cette formation parce que c’était plutôt une formation pratique, sur le terrain. Même si cela fait quelques années déjà que je fais des reportages sur les énergies, cette formation m’a donné encore plus envie de faire des reportages de ce type, d’autant plus que les énergies renouvelables comptent actuellement parmi les priorités de l’Etat malgache. On a mis l’accent sur des reportages plutôt vivants, c’est-à-dire avec des sons d’ambiance. Vu que je suis journaliste télé ça va me permettre de jouer avec les images et le son. J’essaie de me perfectionner dans ce style de reportage », explique Liantsoa Ramilison, rédacteur en chef adjoint de la Radio Télévision Analamanga (RTA).

Outre l’aspect théorique (informations sur les énergies renouvelables, présentation de la politique énergétique du gouvernement malgache et rappel des techniques de reportages journalistiques), les 14 stagiaires ont eu l’occasion de visiter plusieurs projets situés entre 2 et 5 heures d’Antananarivo, dont deux microcentrales hydrauliques alimentant plusieurs villages enclavés, une éolienne éclairant une école et pompant l’eau pour le village, un kiosque solaire éclairant une école et chargeant des lampes louées aux habitants ; une entreprise vendant des kits solaires payables grâce au téléphone portable et un hôpital électrifié grâce à des panneaux solaires. Chaque visite fut suivie de montages, d’écriture et de correction des sujets. Ainsi plus de 30 reportages ont été réalisés et diffusés.

Pour Nadia Raonimanala du journal Les Nouvelles, ce cours lui a permis « d’acquérir beaucoup de connaissances et de techniques de reportages. Par exemple, je sais maintenant que 80MW permettent d’éclairer 250 000 ménages. Les cours techniques et les visites de terrain sont complémentaires. Ils m’ont fait découvrir des situations que je n’avais pas connues auparavant. Dorénavant, cette thématique sera plus palpable. Les jargons en énergie seront traduits en termes plus accessibles, compris par les lecteurs et les citoyens ».

Les stagiaires ne sont pas les seuls à avoir tiré des leçons de cette formation. En effet, Laurent Decloitre a pu mesurer les nombreux obstacles auxquels font face les journalistes de la Grande Ile dans l’exercice de leurs fonctions : « Les journalistes malgaches sont confrontés a des grandes difficultés logistiques. Il est compliqué pour eux de réaliser des reportages sur le terrain ; ils n’ont donc pas toujours l’habitude de rendre vivants et attractifs leurs sujets. Lors de la formation, ils ont été très réceptifs et motivés et ont produit un travail de qualité ».

La mise sur pied de l’Association océan Indien de journalistes spécialisés en développement durable constitue justement un moyen pour contourner certaines de ces difficultés, notamment en permettant aux professionnels du secteur de mieux communiquer entre eux et de s’entraider. « C’est important car avec la transition énergétique des pays de l’océan Indien, il est indispensable de connaitre le cas des autres pays. Les partages d’expérience et de connaissances sont également importants », conclut Nadia Raonimanala.