Au vu de la hausse dramatique des exportations de crabes de mangrove vivants depuis l’année dernière, Madagascar a décidé de mettre en place des mesures drastiques pour une exploitation rationnelle et durable de cette ressource. Des recommandations ont été adoptées à l’issue d’une rencontre décisive organisée par le Ministère des Ressources Halieutiques et de la Pêche et le programme SmartFish les 24 et 25 juillet à Majunga. 

La rencontre, qui a regroupé l’administration des pêches, les collectivités régionales et les opérateurs (pêcheurs, collecteurs, exportateurs et les ONG), a estimé que le niveau actuel des captures serait largement supérieur au potentiel maximum estimé à 7500 tonnes1. Les participants ont adopté une série de recommandations qui seront prochainement affinées et formulées par voie de décret ministériel :

  • Instauration d’une fermeture annuelle
  • Augmentation de la taille minimale à la capture
  • Réforme sur l’octroi des permis de collecte (avec cahier des charges)
  • Assainissement des permis de collecte
  • Mise en place d’un groupement professionnel des exploitants de crabes
  • Mise à jour des textes sur la gestion des crabes
  • Préservation des mangroves
  • Renforcement de la gestion et de la protection des mangroves avec le (il manque quelques ici)

Depuis l’analyse globale de la filière conduite en 2012, SmartFish a apporté une contribution significative au secteur du crabe de mangrove, notamment sur la question des pertes post-capture en promouvant l’adoption de nouvelles techniques de manipulation, de stockage et de transport des crabes 50 villages des 3 régions clés de Madagascar. Un projet pilote d’aquaculture communautaire a également été initié, ainsi qu’un appui  à la réhabilitation complète de trois importants marchés  à Morondava, Antsohihy et Ambanja.

Jusqu’à l’année dernière, mis à part une forte pression sur certaines zones faciles d’accès, la ressource était globalement sous exploitée. Force est de constater que la pression a subitement augmenté suite à cette ouverture soudaine vers le marché chinois du crabe vivant, et nous sommes désormais devant un schéma de surexploitation et de surchauffe au niveau des marchés”, déclare Dominique Greboval, chef du programme SmartFish.

En effet, l’exportation de crabes vivants est passée de 2 tonnes en 2009 à plus de 800 tonnes en 2013, et atteint déjà 1400 tonnes à la moitié de l’année 2014. Certains nouveaux opérateurs disposant d’une forte présence dans les régions littorales les plus enclavées sont prêts à payer le prix fort pour des crabes vivants de bon calibre, laissant ceux de taille modeste à la filière traditionnelle et créant ainsi une demande sans précédent. Les autorités et les opérateurs, dont les membres du GEXPROMER (Groupement des Exportateurs de Produits de Mer), ont tiré la sonnette d’alarme.

Dans les prochains mois, le Programme SmartFish continuera de soutenir, grâce au financement de l’Union européenne, cette filière clé en donnant suite aux activités initiées depuis 2012 et en fournissant un soutien technique au MRHP pour la formulation et la mise en œuvre de nouvelles mesures de gestion de la pêcherie.