Ebène, 12 novembre 2015 – Maurice se lance dans la démarche de science participative en matière d’identification des plantes de la région indianocéanique.
Un atelier, organisé du 12 au 14 novembre à l’Université de Maurice par le Projet Biodiversité de la Commission de l’océan Indien (COI Biodiversité) financé par l’Union européenne, a permis de familiariser une soixantaine d’acteurs de gestion et de la conservation de la flore de la région (Maurice, Seychelles, Madagascar, Comores) au logiciel Pl@ntNet. Cette formation a été réalisée en partenariat avec:
• à Madagascar : ministère de l’Environnement, Université d’Antananarivo, Madagascar National Parks (MNP)
• à Maurice : Université de Maurice, ministère de l’Agro-Industrie et de la Sécurité alimentaire, FARIE, Mauritian Wildlife Foundation, Mauritius Sugarcane Industry Research Institute (MSIRI)
• aux Comores : Université des Comores,
• aux Seychelles : Seychelles National Park Authority
• à La Réunion : CIRAD, Université de la Réunion
A terme, l’objectif est de permettre à toute personne de reconnaitre les plantes qu’il croisera sur les Iles des Mascareignes grâce à un outil gratuit et librement accessible sur son smartphone. Ce système pourra ainsi être utilisé par des communautés locales avides de connaissances, par des touristes curieux ou encore par des professionnels de l’environnement ou du monde éducatif (via l’exploration de données produites).
« La biodiversité est présente dans notre vie au quotidien, elle nous permet de faire de l’agriculture, nous fournit de l’eau, des coraux… il nous faut donc la conserver. Mais on ne peut pas conserver quelque chose qu’on ne connait pas, qu’on n’aime pas » a déclaré M. Vincent Florens, professeur en écologie à l’Université de Maurice.
Pl@ntNet se présente ainsi comme un moyen démocratique et interactif de conserver les plantes. « La science ne devrait pas rester entre les seules mains des scientifiques. De plus en plus, les amateurs contribuent à d’importantes avancées en matière de connaissance et d’inventaires » selon Didier Slachmuylders, coordonnateur du projet COI-Biodiversité, et de continuer, « de plus en plus, les amateurs contribuent à d’importantes avancées en matière de connaissance et d’inventaires ».
Les sciences participatives ou sciences citoyennes sont des programmes de recherche associant des scientifiques et une participation citoyenne d’amateurs volontaires, d’amateurs éclairés, de spécialistes à la retraite, etc. Les sciences citoyennes c’est aussi une démarche citoyenne, celle de ne pas laisser le monopole de la connaissance à une élite mais de se la réapproprier.
L’archipel des Mascareignes possède une flore et une faune uniques au monde. Ce paradis naturel est malheureusement l’un des plus menacés au monde. La connaissance et l’inventaire de ces plantes contribueront à mieux préserver les espèces.
Qu’est-ce que Pl@ntNet?
Pl@ntNet est une application de reconnaissance des plantes qui s’appuie sur des bases de données collaboratives et des outils innovants d’analyse de contenus multimédia. Développé depuis 2009, ce dispositif peut être contextualisé pour son usage.
Une première déclinaison en flores régionales de l’application s’est déroulée avec succès à La Réunion en mai 2015. Le déploiement de l’application y a été très médiatisé et on dénombre depuis un peu plus de 18 000 sessions d’utilisation à La Réunion.
La déclinaison appliquée à la flore de l’océan Indien comporte actuellement près de 1000 espèces avec environ 55 000 images apportées par 2800 utilisateurs.
Dans la continuité de ce lancement réussi et du bon accueil par le grand public et les différents acteurs de la gestion des ressources naturelles à La Réunion, ce dispositif est appelée à évoluer vers une couverture plus large géographiquement et taxonomiquement afin qu’elle couvre la totalité des Mascareignes. Cet outil participatif constituera ainsi un vecteur technologique novateur pour l’éducation, la formation, la recherche et le renforcement du développement de l’écotourisme au niveau régional.
Comment ça marche ?
Pl@ntNet se base sur un réseau collaboratif et participatif de botanistes tant amateurs que professionnels. Toute personne peut partager des observations pour aider à enrichir la base de données et viser l’exhaustivité d’une flore particulière.
Pour obtenir des résultats, un usager photographie des motifs visuels spécifiques d’une plante qu’il recherche : ses organes (fleur, feuille, fruit ou tige/écorce). Le système, par comparaison avec les données d’apprentissage, propose une liste de noms de plantes potentiels que l’utilisateur peut alors valider. L’utilisateur peut ensuite partager son observation et enrichir les bases d’apprentissage afin que les prochains usagers reconnaissent plus facilement l’espèce observée et qu’un plus grand nombre d’informations se retrouvent alors disponibles pour l’ensemble des membres du réseau impliqué.
Des images prises sur le terrain des plantes les plus communes à Maurice ont constitué une « amorce » pour une première base de données. L’implication de structures institutionnelles ou associatives engagées dans la conservation ou le suivi de la biodiversité permettra de contribuer à cette base de données en partageant leurs photos.
Une fois ce référentiel enrichi, il sera alors possible de facilement réaliser des observations supplémentaires par un public plus large à partir de supports mobiles pour enrichir la connaissance visuelle des taxons ajoutés.
Pour aller plus loin
Pl@ntNet est une initiative de l’Agropolis Fondation, une institution basée à Montpellier (France) qui soutient et promeut le développement de projets internationaux (recherche et formations) dans le domaine de l’agronomie et du développement durable.
Achevé en 2013, le projet Pl@ntNet a permis de développer des outils et logiciels d’identification des plantes : PlantNet Mobile (disponible sur Apple store et Google Play), Pl@ntNet –Identify, et même des logiciels d’identification graphique assisté par ordinateur (IKONA, IDAO).