Co-financé par l’Union européenne à travers le programme ENERGIES de l’Union européenne, Jiro-Ve, projet de location de lampes rechargeables à l’énergie solaire basé sur un modèle de franchise, peut se vanter d’avoir un impact positif sur la vie de milliers de Malgaches. Et la lumière fût !  

Comme c’est souvent le cas à Madagascar, l’histoire de Jiro-Ve commence avec une 2CV. Mais pas que… Il ne faudrait pas oublier de mentionner l’entrepôt rempli de lampes rechargeables. Nous sommes en 2012 et les fondateurs du projet, dont Rik Stamhuis, décident de se rendre à Sakay, une ville à 125km à l’ouest d’Antananarivo, pour tester la viabilité d’un modèle commercial audacieux : la location de lampes rechargeables à l’énergie solaire à des prix abordables, même pour les habitants des régions rurales. Pour cela, il leur faut trouver leur premier franchisé… Et comment cela s’est-il développé ? Cette première expérience a dépassé toutes leurs attentes et aujourd’hui Jiro-Ve travaille avec 29 franchisés qui louent plus de 7 000 lampes rechargeables, fournissant de la lumière a plus de 35 000 personnes dans la Grande Ile.

Subventionné à hauteur de 75 000 euros par la COI dans le cadre de l’appel à propositions de son programme ENERGIES financé par l’Union européenne, ce projet, qui vise à donner accès à l’énergie à certaines des communautés rurales et urbaines les plus pauvres à Madagascar, a fait des pas de géant en quelques années. « Notre stratégie consistait à éliminer les obstacles qui pourraient empêcher nos clients qui en avaient besoin le plus d’avoir accès à nos lampes. Le plus important de ceux-ci était d’ordre financier. La plupart de nos clients ont des revenus très modestes et irréguliers. De ce fait, ils n’avaient pas les moyens d’investir dans un système qui n’avait pas encore fait ses preuves. Par conséquent, nous avions décidé que les lampes seraient louées moins cher que le prix des bougies ou du kérosène qu’ils utilisaient pour leur éclairage. »

Force est de constater que la stratégie de Jiro-Ve, qui signifie « lumière » en malgache, a porté ses fruits. Et du fait de la nature réactive de son modèle commercial basé sur des franchises, Rik Stamhuis et ses collègues sont capables de déterminer très rapidement ce qui marche et ce qui ne marche pas. « Dès le début nous sommes restés très proches de nos clients. S’ils n’aiment pas notre service, on le sait tout de suite grâce au nombre de lampes qui sont louées. Cette proximité nous a permis de parfaitement adapter notre service en fonction de leurs besoins », explique-t-il. Mais la franchise reste un modèle gagnant pour d’autres raisons aussi.  « Nos franchisés sont nos champions car pour développer leurs business ils doivent s’assurer que leurs clients sont satisfaits ».

 Pour Eddy Wellens, l’expert Energies et Appel à Propositions du programme COI-ENERGIES, le projet doit son succès à plusieurs facteurs, notamment un plan d’affaires clair, une croissance organique, une équipe enthousiaste et des frais généraux réduits. Fait encourageant, il estime que cette recette peut être appliquée à d’autres projets dans la région. Jiro-Ve espère désormais accroitre la portée et l’étendue de ses activités pour devenir le fournisseur des matériaux solaires en tout genre sur le territoire malgache. « Nous souhaitons rendre l’énergie renouvelable accessible à tous les Malgaches. Où que vous habitiez et quel que soit votre niveau de revenus, nous aurons une solution pour vous », dit Rik Stamhuis.  Une fois cet objectif accompli, il souhaiterait exporter le modèle Jiro-Ve à d’autres pays.

A-t-il des conseils pour les entrepreneurs sociaux en herbe ? « Même dans les périodes les plus difficiles, il faut persister. L’entrepreneuriat est souvent présenté comme quelque chose d’un peu ‘glamour’ mais dans la réalité il est fait de moments très durs. C’est souvent dans ces moments-là que viennent les meilleures idées », conclut-il. Des commentaires éclairés, à plus d’un titre.