Avant de prendre une décision, il importe généralement d’avoir les bonnes informations à sa disposition. Cela évite de faire des mauvais calculs ou, pire, de baser sa stratégie entière sur de fausses bases. Le même principe s’applique au niveau de la prise de décision concernant l’intégration des énergies renouvelables. Qu’on soit décideur politique, investisseur ou chercheur, il est impératif d’avoir accès à des statistiques et indicateurs détaillés et actualisés avant d’aller de l’avant avec tel ou tel projet. C’est en grande partie cette logique qui est derrière le projet d’Observatoire régional de l’énergie. En effet, cette plateforme permettra à tout chacun d’avoir à tout moment une vue d’ensemble de la situation énergétique des Etats membres de la COI.

Mais avant de pouvoir publier les données dans un format accessible à tous, il faut naturellement les collecter et les traiter. Et c’est là que les Systèmes d’information énergétiques entrent en jeu. Comme l’explique Karine Pollier d’Enerdata, une firme de consulting spécialisée en énergie qui a été retenue par le programme ENERGIES pour créer les SIE et mettre sur pied l’Observatoire, « un SIE est un ensemble intégré de méthodes et de moyens – parmi lesquels des moyens humains, financiers, techniques – permettant d’assurer la collecte, le traitement et la diffusion de données statistiques détaillées et fiables selon une échéance régulière. Les SIE peuvent être considérés comme un outil d’aide à la décision essentiel pour l’élaboration et le suivi d’une politique énergétique cohérente ».

La création d’un SIE se fait en trois étapes : la collecte, le traitement et la publication des données. Selon Karine Pollier, la première étape passe par la mise en place d’un « template » pour la collecte et le calcul des données énergétiques et la formation des institutions locales responsables de la future collecte des données, alors que la deuxième comprend la compilation, l’harmonisation, et la vérification des statistiques dans une base de données, ainsi que le calcul des indicateurs et bilans énergétiques.

Pour ce qui est de la publication des données, elle se fait grâce à des  tableaux de bord et une interface web. Enerdata a travaillé de concert avec les institutions détentrices des informations pertinentes aux Comores, à Maurice et aux Seychelles, notamment les ministères de l’Energie et les bureaux des statistiques (France/Réunion possédait déjà son SIE alors qu’à Madagascar la GIZ travaillait déjà sur la question).

« Les SIE fournissent annuellement des statistiques énergétiques détaillées, telles que l’approvisionnement, le commerce, les stocks, la transformation de l’énergie et la consommation par énergie (pétrole, gaz, charbon, électricité, renouvelables), ainsi que des indicateurs énergétiques et le bilan énergétique d’un pays ou d’une région », fait ressortir Karine Pollier.

Si les données sont traitées dans des fichiers Excel, elles doivent ensuite être présentées sous forme de tableaux et de graphes pour rendre l’information plus attrayante et accessible. Les SIE alimenteront ensuite l’Observatoire régional de l’énergie qui, outre de regrouper des données et politiques énergétiques des différents pays, aura plusieurs fonctions :  augmenter la visibilité des activités dans chacun des pays, créer une vitrine pour la région, agir comme une plateforme de coopération entre les Etats membres et contribuer à l’information, l’aide à la décision, l’évaluation des politiques énergétiques et climatiques, entres autres.

Mais ce n’est pas tout. « Les SIE donnent un cadre pour suivre plus efficacement la pénétration des énergies dans le ou les pays, les investissements, les impacts des politiques énergétiques », explique Karine Pollier. En raison de sa versatilité, elle estime que l’Observatoire sera utilisé par un grand nombre d’acteurs : « Le grand public, qui peut être amené à rechercher des informations basiques telles que la production d’électricité, la part des différentes énergies ; les professionnels de l’énergie qui ont besoin d’avoir une vision claire et détaillée de l’ensemble du paysage énergétique de leur pays ou de la région ; les institutions du pays qui mènent des études et analyses sur les statistiques énergétiques ; les décideurs politiques pour appuyer l’élaboration de politiques énergétiques efficientes et cohérentes ».

L’observatoire régional de l’énergie sera opérationnel en août 2019.