Entraide, solidarité, relance. C’est sans doute le triptyque qui résume le mieux la session extraordinaire du Conseil des ministres de la Commission de l’océan Indien.

Le 26 novembre 2021, Jean-Baptiste Lemoyne, Secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères de la République française a présidé les travaux du Conseil des ministres de la COI. A ses côtés :

  • Dhoihir Dhoulkamal, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, chargé de la Diaspora et de la Francophonie de l’Union des Comores ;
  • Patrick Rajoelina, ministre des Affaires étrangères de la République de Madagascar ;
  • Alan Ganoo, ministre du Transport terrestre et du Métro léger, ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration régionale et du Commerce international de la République de Maurice ;
  • Claude Morel, Ambassadeur, représentant le ministre des Affaires étrangères et du Tourisme de la République des Seychelles.

En outre, cette rencontre régionale a vu la participation de Huguette Bello, présidente de la Région Réunion et hôte du Conseil ministériel de la COI, Cyrille Melchior, président du Département de La Réunion, Vêlayoudom Marimoutou, Secrétaire général de la COI. Les représentants des membres observateurs et des partenaires ont également répondu présent.

« La culture de l’entraide est au cœur de la COI. C’est une solidarité agissante qui est inscrite dans notre ADN et qui nous pousse, au Secrétariat général, dans les administrations de nos Etats membres, au sein de notre famille élargie des observateurs et des partenaires à être compétents en entraide. Et c’est tout l’objet de la session extraordinaire du Conseil des ministres de la COI » – Vêlayoudom Marimoutou, Secrétaire général de la COI

Ce qu’il faut retenir

Institutionnel

L’Ambassadeur Claude Morel a annoncé la ratification à l’unanimité de l’Accord de Victoria révisé par le Parlement seychellois la semaine dernière. Dans la foulée, le Secrétaire d’Etat Jean-Baptiste Lemoyne a indiqué que l’Accord révisé sera déposé à l’Assemblée nationale française dès janvier en vue de sa ratification. Pour rappel, l’Accord de Victoria est le texte fondateur de la COI. Il a été établi en 1984 et modernisé en 2020. Les Comores ont été le premier Etat membre à le ratifier en juin 2020.

Environnement et climat

Le projet Hydromet est sur les rails. Une première convention de financement d’un montant de 10,6 millions d’euros de l’Union européenne et de la France à travers l’AFD a été signée. Dans un second temps, un financement de 52,6 millions de dollars sera octroyé par le Fonds vert pour le climat. L’objectif ? Renforcer les capacités hydrométéorologiques des Etats pour mieux prévenir les risques et développer des services climatiques à l’attention des décideurs et des opérateurs économiques pour l’aménagement du territoire, la planification des activités économiques, etc. Par ailleurs, le Conseil a demandé au Secrétariat général de lancer une étude de préfiguration d’une Agence de biodiversité de l’Indianocéanie.

Formation

D’ici 2040, près de 9 millions de jeunes arriveront sur le marché de l’emploi en Indianocéanie! Aussi, le Conseil des ministres des la COI souhaite répondre dès aujourd’hui aux besoins d’employabilité par la formation. Des Assises régionales de la formation et de la mobilité professionnelle seront organisées au début 2022. Il s’agira de dessiner les contours d’un programme régional dans le domaine. Dans le même temps, la COI est appelée à nouer des partenariats avec les universités de la région à l’image de l’Accord-cadre signé avec l’Université de La Réunion lors du Conseil. L’Université de La Réunion a également lancé officiellement son initiative de mobilité régionale REUNION pour « Regional Exchange University Indian Ocean ». Un premier groupe d’une vingtaine d’étudiants a pu rencontrer les membres du Conseil des ministres.

Santé

Le Conseil a confirmé l’intérêt de mettre en place un fonds régional SEGA – One Health permettant de soutenir la réponse collective face aux risques sanitaires. Une subvention additionnelle de 1,8 million € de l’Agence française de développement a également été actée. Enfin, les ministres ont indiqué leur intérêt à l’utilisation dans les pays des tests rapides RUNCOV développé par le CIRAD.

Relance économique et sociale

Le Conseil a validé l’établissement d’un cadre de dialogue pour définir des actions pour la relance économique et la résilience. Il a notamment été demandé de réactiver les comités régionaux des aviations civiles et des transporteurs aériens, de développer des synergies pour le tourisme ou encore de mobiliser les partenaires dans le domaine de l’économie bleue. A cet égard, la programmation « Europe globale 2021-2027 » offre des perspectives importantes d’actions pour l’économie bleue et l’économie circulaire. Enfin, le Conseil des ministres a validé le lancement programmé d’un projet régional de développement des industries culturelles et créatives au premier semestre 2022. Ce projet sera financé par l’AFD à hauteur de 5 millions €.

Sécurité alimentaire

La période de mise en œuvre du Programme régional de sécurité alimentaire et nutritionnelle (PRESAN) a été étendue jusqu’en 2025. Le PRESAN offre un cadre d’actions coordonnées en faveur de la sécurité alimentaire et la nutrition. En outre, les ministres ont appelé à une accélération des activités du programme de sécurité alimentaire financé par l’Union européenne. D’un montant de 16 millions €, ce projet comporte un appel à proposition pour financer des projets émanant du terrain et met un accent fort sur les questions de nutrition, notamment pour la santé maternelle et infantile.

Gouvernance maritime

Les ministres ont unanimement reconnu l’importance de la sécurité maritime. Ainsi, ils ont appelé à une suite du programme MASE financé par l’Union européenne. Ce programme a permis de créer une architecture de sécurité maritime pour l’océan Indien occidental. Les ministres ont également soutenu la mise en réseau du Centre régional de fusion de l’information maritime avec ceux de Djibouti, de l’Inde, de Singapour, du Japon ou encore de l’Australie pour créer un maillage inédit de surveillance et de prévention.

Membres observateurs et partenaires engagés

L’Union européenne, le Système des Nations unies, l’Inde, le Japon, la Francophonie, l’AFD, l’Ordre de Malte ou encore Cap Business ont répondu présent.

A la veille du Conseil des ministres, la présidence en exercice a organisé un dialogue avec les membres observateurs et partenaires. Une manière de parler franc, de prendre le temps d’échanger sur les enjeux et les priorités, d’identifier surtout les pistes d’actions communes.

Les sujets qui ont été abordés sont variés. Cela dit, des priorités ressortent :

  • Gouvernance et sécurité maritime ;
  • Prévention et gestion des risques ;
  • Coopération économique.

Ce dialogue a démontré qu’il existe une large convergence de vues. Le Secrétariat général pourra capitaliser sur cette rencontre et sur les décisions du Conseil des ministres pour mobiliser les observateurs et partenaires dans les domaines d’intérêt commun.

Des événements parallèles

Dans les jardins du Domaine de Montgaillard où se tenait le Conseil des ministres, de vastes tentes ont été installées. La PIROI, le CIRAD ou encore l’Université de La Réunion, qui collaborent avec la COI, étaient présents pour partager leurs expériences et expertises.

Ainsi, la PIROI a monté un hôpital de campagne pour donner à voir l’intervention en situation post-catastrophe. Elle a également présenté ses outils de sensibilisation et de prévention des risques dont son application remarquée « Paré Pa Paré ».

Le CIRAD a fait la démonstration de son test rapide de Covid-19 baptisé « RUNCOV ». C’est un test rapide développé par le CIRAD de La Réunion en partenariat avec le Cyroi, l’Université de La Réunion, le CHU, l’ANSES et le MNHN. Particulièrement rapide, soit 30 min pour obtenir le résultat, le RUNCOV peut détecter les trois principaux variants de la Covid-19. De plus, il est agréé par le Centre national de référence français.

Enfin, les membres du Conseil ont eu l’occasion de rencontrer un groupe de jeunes étudiants en mobilité. Il s’agit de la première cohorte du programme REUNION, un programme de mobilité étudiante porté par l’Université de La Réunion. Ce programme a ainsi été officiellement lancé en présence des membres du Conseil et un accord-cadre de coopération a été signé par le Secrétaire général de la COI et le président de l’Université.