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Les participants réunis à Nosy Be pour le deuxième volet de l’atelier.

L’introduction d’une part conséquente d’énergies renouvelables dans nos systèmes électriques insulaires requiert la mise en place de politiques et des stratégies appropriées. C’était justement l’objectif de deux ateliers de formation organisés récemment à Maurice et Madagascar. 

Il ne suffit pas décider du jour au lendemain de venir avec des projets d’énergies renouvelables et d’efficacité énergétique ; ceux-ci doivent s’insérer dans des politiques énergétiques globales élaborées préalablement par les Etats qui prennent en considération une multitude de paramètres d’ordre techniques et financiers, environnementaux et sociaux. Deux ateliers ayant justement pour thème le développement et la mise en œuvre de politiques et stratégies énergétiques ont récemment été organisés par le programme ENERGIES et l’agence de coopération allemande, la GIZ, avec la Renewables Academy (RENAC).

Ces deux formations d’une semaine ont permis à une vingtaine de représentants des Ministères de l’Energie, sociétés d’électricité et régulateurs d’énergie des Etats membres de la Commission de l’océan Indien d’approfondir leurs connaissances sur les aspects techniques, financiers et réglementaires liés aux projets d’énergies renouvelables et d’efficacité énergétique dans le but d’assister leurs pays sur la voie de la transition énergétique. Des visites de terrain ont également donné l’occasion aux participants de voir des projets concrets dans la filière des ER/EE.

parc éolien de Plaine des Roches.

Le parc éolien de Plaine des Roches.

Le premier atelier, qui a lieu du 12 au 17 novembre à Maurice, avait comme objectif principal d’échanger sur les meilleurs cadres réglementaires et autres mécanismes légaux pour favoriser l’introduction d’ER/EE. « Nous avons regardé tout la chaîne de valeur dans le développement de projets ER/EE : éolien, photovoltaïque, bioénergie, petits projets hydrauliques, efficacité énergétique, ainsi que les questions liées aux ressources disponibles, les meilleures technologies, les cadres légaux, le financement, la mise en opération et la maintenance et les différents modelés économiques », explique l’animateur de cette formation, Frank Schillig.

Ils ont eu l’occasion de se rendre à la centrale thermique de St Louis du Central Electricity Board, la ferme photovoltaïque de 16 MW étalée sur 50 arpents de Voltas Yellow à Solitude, la ferme éolienne de 9 MW de Quadran Energies Libres à Plaine des Roches, ainsi qu’à la sous-station du CEB à Amaury pour en savoir plus sur la batterie flambant neuve de 2 MW qui servira à stabiliser le réseau lui permettant du coup d’absorber un pourcentage d’énergies intermittentes plus élevé. Ils ont également été accueillis au centre de contrôle, le « cerveau », du CEB à Curepipe où ils ont observé la gestion du réseau électrique en temps réel.

Pour sa part, le deuxième atelier, qui s’est déroulé du 3 au 8 décembre à Nosy Be, Madagascar, a mis l’accent sur les mécanismes de marché, les cadres réglementaires, les stratégies gouvernementales et les instruments politiques pouvant favoriser l’introduction d’ER/EE dans les systèmes électriques insulaires. Frank Schillig dit espérer que ces formations ont servi à mettre en lumière les différentes étapes dans le développement des projets d’énergies renouvelables, les obstacles à leur réalisation et les solutions potentielles, les implications des différentes mesures réglementaires, les points de vue divergents des développeurs, investisseurs et bailleurs, de même que l’aspect économique des projets d’ER/EE.

Dans l'antre du cerveau du CEB.

Dans l’antre du cerveau du CEB.

« J’ai été impressionné par la soif d’apprendre des participants et leur volonté de trouver des solutions en faveur du développement durable. Ils étaient tous très actifs dans leurs échanges », dit-il. A partir de là, il leur incombera de créer des cadres réglementaires favorisant des investissements durables, d’élaborer des projets d’ER exemplaires et de mettre en œuvre des cadres d’autorisation qui assureront la création de projets écologiquement viables afin de réaliser l’immense potentiel des énergies renouvelables dans la région. A ce sujet, Frank Schillig estime que les petits Etats insulaires en développement ont le potentiel d’arriver à 100% d’énergies renouvelables, d’autant plus que le coût de production de l’électricité à partir de l’énergie photovoltaïque est désormais plus bas que le coût de production à partir d’énergies fossiles.

« Je pense qu’il existe une bonne opportunité pour ces pays de passer à 100% de renouvelables et se mettre à l’abri des fluctuations de prix des hydrocarbures. Le défi sera de mettre en place une gestion intelligente de l’énergie pour permettre d’absorber une plus grande part d’énergies intermittentes. Les batteries joueront un rôle clé. Etant donné que la climatisation est un pôle de consommation important dans les îles, il faudra des systèmes et une gestion intelligents », conclut-il.  Sans mentionner des politiques et stratégies énergétiques éclairées…