La Commission de l’océan Indien (COI) a appris avec une profonde tristesse le décès de Monsieur Jérémie Bonnelame. Il a marqué l’histoire de la COI en tant que Secrétaire général de 1993 à 1997, mais aussi par son engagement constant au service de l’Indianocéanie.

Une figure des débuts de la COI

Originaire des Seychelles, Jérémie Bonnelame est nommé Secrétaire général de la Commission de l’océan Indien en 1993. Il est alors le deuxième à occuper cette fonction et le tout premier Seychellois à la tête de l’organisation. Pendant son mandat, jusqu’en 1997, il œuvre à renforcer une coopération régionale encore en construction.

Il contribue ainsi à poser les bases d’un dialogue régulier entre les pays de la région, et à inscrire l’action de la COI dans la durée.

Retour sur des résultats majeurs de son mandat

Dans la dynamique post-Rio (Sommet de la Terre de 1992), Jérémie Bonnelame inscrit l’environnement parmi les priorités de la COI.

Il engage également les premiers travaux régionaux sur l’état des récifs coralliens, facilitant l’adhésion des États membres à l’Initiative internationale pour les récifs coralliens (ICRI). En 1997, sous son mandat, la COI crée un réseau régional de suivi de l’état de santé des récifs, aujourd’hui reconnu comme référence régionale par le GCRMN.

Dans ce même esprit, la COI a, sous sa direction, activement contribué à la mise en œuvre du Plan d’action de la Barbade, adopté en 1994 lors de la première Conférence des Nations unies sur les Petits États insulaires en développement (PEID). Cette contribution a permis à la région de l’océan Indien de s’approprier les grandes priorités des PEID. Et ce,  en matière d’environnement, d’accès aux ressources, de résilience et de développement durable… tout en affirmant sa voix sur la scène internationale.

Sous le mandat de Jérémie Bonnelame, la COI a mis en œuvre l’un de ses tout premiers programmes régionaux de renforcement des capacités, consacré à la prévision des cyclones tropicaux. Clôturé en 1996, ce programme a permis de doter les services météorologiques nationaux d’équipements, de compétences et de moyens humains, renforçant ainsi la résilience régionale face aux risques climatiques.

Il s’agit là d’une initiative fondatrice en matière de gestion des risques climatiques, qui a contribué à mieux préparer la région aux aléas extrêmes, tout en favorisant la coopération entre services météorologiques insulaires.

Conscient très tôt que la culture constitue à la fois un levier de développement durable et un ciment entre les peuples de l’Indianocéanie, Jérémie Bonnelame a porté, dès 1995, l’ambition d’un grand programme culturel régional. Bien que cette initiative n’ait pas pu bénéficier de financements à l’époque, elle a marqué les esprits et témoigné de sa vision pionnière d’une coopération culturelle régionale. À travers ce plaidoyer, il a œuvré en tant que promoteur actif du rapprochement des peuples par la valorisation de leur diversité culturelle et de leurs patrimoines communs.

Cette vision trouve aujourd’hui un écho concret dans le projet de développement des Industries culturelles et créatives (ICC), mis en œuvre par la COI avec le soutien de l’AFD.

Sous l’impulsion de Jérémie Bonnelame, la COI a posé les premières bases d’une gouvernance régionale des pêches. En 1996, la Conférence internationale sur le thon, organisée à Maurice dans le cadre du Projet Thonier Régional (PTR II), a réuni les États membres autour des enjeux de gestion durable des ressources halieutiques. Cette initiative marque une étape majeure dans la coopération technique régionale. Elle ouvert la voie aux programmes structurants comme SmartFish, Ecofish ou encore le PRSP, qui font aujourd’hui référence en matière de pêche durable, équitable et intégrée dans l’océan Indien.

Impliqué, même après son mandat de SG

Même après avoir quitté ses fonctions en 1997, Jérémie Bonnelame est resté un acteur engagé de la coopération régionale, répondant toujours présent pour servir l’intérêt commun de l’Indianocéanie.

Mission d’observation électorale à Madagascar (2018)

À la demande de la COI et avec le soutien des autorités seychelloises, il a dirigé la Mission d’observation électorale déployée à Madagascar à l’occasion du second tour de l’élection présidentielle de 2018. Cette mission de haut niveau, composée notamment d’anciens secrétaires généraux et de diplomates des États membres, visait à garantir un scrutin apaisé, crédible et transparent.

30ème anniversaire de la COI

En 2012, il prend part aux célébrations du 30e anniversaire de l’organisation, réunissant à Port-Louis les cofondateurs et anciens Secrétaires généraux. Il y réaffirme son attachement à une coopération insulaire fondée sur la solidarité et la souveraineté partagée.

Une voix de l’Indianocéanie qui s’est éteinte

Tout au long de son parcours, Jérémie Bonnelame a porté haut la voix des petits États insulaires en développement, plaidant pour leur reconnaissance, leur coopération et leur intégration solidaire. Il a incarné avec constance l’esprit fondateur de la COI : faire de la proximité une force, du dialogue un outil, et de la solidarité un principe d’action.

La Commission de l’océan Indien salue la mémoire d’un homme de conviction, dont l’héritage restera vivant dans chaque initiative de coopération régionale. Elle adresse ses plus sincères condoléances à sa famille, à ses proches, et au peuple et au gouvernement des Seychelles.