Dans le cadre du suivi des décisions du 32e Conseil de la Commission de l’océan Indien (COI) et de la préparation du Conseil extraordinaire de l’organisation en septembre prochain, le Secrétaire général de la COI, Madi Hamada, s’est entretenu dans la capitale malgache avec les hautes autorités de l’Etat.

A l’occasion d’un entretien au palais de Iavoloha avec le président de la République, S.E.M. Hery Rajaonarimampianina, ce dernier a rappelé son attachement à l’évolution institutionnelle de la COI vers une Communauté d’Etats. Le chef de l’Etat malgache a fait part de sa conviction que « c’est autour de valeurs communes, d’espaces insulaires communs, de problématiques communes que doit se monter notre Communauté et qu’elle prend son sens ». Il a également souligné son intérêt, en tant que chef de l’Etat, d’être mieux associé aux grandes orientations de l’organisation régionale ainsi que son désir que celle-ci soit reconnue par la communauté internationale comme un acteur politique régional à part entière.

Le Secrétaire général de la COI a également souligné auprès de ses interlocuteurs le souci qu’il attache au démarrage le plus rapide possible du projet PRESAN de sécurité alimentaire régionale. S.E.M. Hery Rajaonarimampianina a redit toute l’importance qu’il porte à cette question qui avait été abordée, au préalable, par Madi Hamada avec la ministre des Affaires étrangères et le ministre auprès de la Présidence chargé de l’Agriculture et de l’Elevage. Concernant la question de la localisation de l’Unité de coordination COI du PRESAN, les entretiens ont permis de conclure à une solution conforme  aux intérêts fondamentaux du projet – faire de Madagascar le « grenier de l’Indianocéanie » -, à  son caractère régional, tout en respectant l’Accord de siège signé entre la République de Madagascar et le COI le 18 février 2016. Le Secrétaire général a insisté dans tous ses échanges sur l’importance d’une étroite coordination du travail de l’Unité avec les autorités et le secteur privé malgaches.

Enfin, cette visite de Madi Hamada à Antananarivo a eu lieu au moment même où se déroule dans la capitale malgache la 8e réunion de l’Unité de coordination régionale du Plan régional de surveillance des pêches (PRSP) de la COI. Celui-ci regroupe huit Etats participants qui ont discuté des voies et moyens les plus adaptés pour la mise en œuvre du plan de travail annuel. En effet, le Secrétaire général a rappelé que le 32e Conseil l’avait chargé  « d’organiser dans un Etat participant au PRSP une conférence ministérielle pour renforcer l’engagement régional contre la pêche illicite, non déclarée et non règlementée ».

Rappel des décisions du 32e Conseil des ministres de la COI

Réunis en Conseil le 1er mars 2017 à Saint-Denis de La Réunion, les ministres des cinq Etats membres de la COI ont débattu de l’évolution de l’organisation unanimement reconnue pour son rôle actif en faveur du développement durable de l’Indianocéanie et de la défense des intérêts spécifiques de ses Etats membres insulaires. Cette réunion a été l’occasion pour Jean-Marie Le Guen, Secrétaire d’Etat français au Développement et à la Francophonie et Président du Conseil, de transmettre la présidence de la COI à Vishnu Lutchmeenaraidoo, ministre mauricien des Affaires étrangères, de l’Intégration régionale et du Commerce international. Le Conseil des ministres a pris une quarantaine de décisions qui traitent des actions prioritaires de la COI dans les domaines de la sécurité, du climat, de l’environnement, de la connectivité ou encore de la sécurité alimentaire.

Les ministres du Conseil de la COI ont marqué leur intérêt à soutenir l’évolution de la COI, ce qui passerait par un changement de ses statuts et de son appellation en « Communauté des Etats ». Ils ont ainsi demandé au Secrétariat général de mettre en place un comité réunissant des représentants et experts des Etats membres en vue d’en préciser les implications. Cette évolution, si elle est entérinée lors d’une prochaine réunion extraordinaire du Conseil des ministres en septembre prochain, approfondira la stature politique et diplomatique de l’organisation pour que « la COI, à l’image d’autres organisations internationales, poursuive son chemin vers plus de collaboration entre Etats et devienne l’outil le plus précisément adapté au rapprochement des cinq pays membres », comme l’a souligné le président sortant du Conseil. Le chef de la diplomatie mauricienne et nouveau président du Conseil a, de son côté, mis en valeur « le destin commun » des îles de l’Indianocéanie appelant ainsi à plus d’intégration, en particulier économique.

Durant leurs travaux, les ministres du Conseil ont fixé le cap des activités de l’organisation pour les prochains mois en prenant des décisions portant, entre autres, sur :

  • Un accord de principe pour l’octroi du statut d’observateur à l’Organisation internationale de la Francophonie sur une base réciproque, conformément à l’accord-cadre signé entre les deux organisations en juin 2016, ainsi qu’à l’Ordre souverain de Malte ;
  • La sécurité maritime avec l’opérationnalisation du Centre régional de fusion de l’information maritime basé à Madagascar et du Centre régional de coordination de l’action de l’Etat en mer aux Seychelles. Les ministres ont également accueilli favorablement l’idée que la COI prenne la présidence du Groupe de contact sur la piraterie au large des côtes somaliennes à la suite des Seychelles ;
  • La lutte contre les trafics illicites, plus particulièrement le trafic de drogue, avec un appel à créer une structure régionale spécialisée ainsi que la lutte contre le terrorisme, notamment à travers l’échange d’informations entre les services nationaux compétents ;
  • La connectivité régionale avec la volonté affichée du Conseil de la COI de voir ces chantiers structurants (aérien, numérique et maritime) bénéficier d’un nouvel appui de l’Union européenne à travers le 11e Fonds européen de développement ;
  • La sécurité alimentaire afin d’entamer rapidement les activités du programme régional de sécurité alimentaire et nutritionnel (PRESAN) ;
  • L’adaptation au changement climatique par l’accréditation de la COI auprès du Fonds vert pour le climat afin qu’elle puisse mener de nouveaux projets d’envergure d’adaptation aux effets du changement climatique pour la région. Les Seychelles présenteront le dossier de la COI au Secrétariat du Fonds vert pour le climat au nom de tous les Etats ;
  • La valorisation du patrimoine de l’Indianocéanie notamment à travers les projets de l’Iconothèque historique de l’océan Indien et de la Phonothèque de l’océan Indien qui bénéficient de l’engagement du Conseil départemental de La Réunion.

Le 32e Conseil des ministres de la COI s’est donné rendez-vous en septembre 2017 à Maurice pour un Conseil extraordinaire qui sera consacré à l’évolution institutionnelle de l’organisation vers la « Communauté des Etats » ainsi qu’aux questions administratives et budgétaires.

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