Dans un monde interconnecté, les câbles sous-marins sont des infrastructures critiques de premier plan. Ils assurent 99% des échanges intercontinentaux des données.

« Une menace pour les câbles sous-marins, c’est une menace pour notre mode de vie »

Dr Amado Philip de Andrés, représentant régional de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC).

Un câble sous-marin, c'est quoi?

Les câbles sous-marins sont composés de fibres optiques entourées d’une gaine en cuivre et d’un tube en plastique. Leur diamètre est d’une dizaine de centimètres seulement. Les câbles sous-marins sont posés dans les fonds marins. Les télécommunications et l’Internet transitent par ces câbles. Leur durée de vie est généralement de 25 à 30 ans.

Première consultation régionale

La COI et l’ONUDC ont ainsi organisé la première consultation régionale sur la protection et la résilience des câbles sous-marins. Cette consultation a réuni une cinquantaine de représentants des Etats membres de la COI et opérateurs par visioconférence les 12 et 13 janvier 2021.

Cette initiative s’inscrit dans l’action régionale de la COI pour la connectivité numérique et la gouvernance des océans. Pour les îles, la connectivité et la redondance (disponibilité de plusieurs câbles) sont essentielles. Les représentants des Etats ont pu prendre la mesure de l’enjeu. Les présentations ont aussi permis de confirmer la pertinence du sujet et l’intérêt pour une réflexion commune.

« La sécurité des câbles sous-marins est une question politique, économique et sociale. C’est un enjeu majeur qui a longtemps été ignoré. Pourtant, les cas d’accident ou de vandalisme qui ont entraîné une coupure de câble sont légion. Dans notre grande région, on se rappellera que la négligence d’un navire a entraîné une coupure du seul câble reliant la Somalie au monde. C’était en 2017. Le résultat : trois semaines de coupure de l’Internet et des pertes économiques estimées par le gouvernement de Mogadiscio à 9 millions de dollars par jour ! »

– Prof. Vêlayoudom Marimoutou, Secrétaire général de la COI

Nombreux risques

Les risques qui pèsent sur ces câbles sont nombreux : activités de pêche, ancrage, morsures de poissons, mouvements géologiques, abrasion ou même vandalisme.

Il est essentiel que les pouvoirs publics se dotent des réglementations et moyens pour protéger les câbles sous-marins en partenariat avec les opérateurs, a indiqué Kent Bressie, conseiller en droit international du Comité international de protection des câbles (CIPC). Par exemple, il est possible de déterminer des zones de protection dans les eaux territoriales. A noter que plusieurs articles de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer portent sur la protection des câbles.

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câbles sous-marins constituent aujourd’hui le réseau mondial des télécommunications
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de transactions financières s’effectuent quotidiennement à travers les câbles sous-marins (ONUDC)
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des dégâts sur les câbles sous-marins sont imputables aux pratiques de pêche industrielle et à l’ancrage (CIPC)

La région peut être pionnière

Pour l’ONUDC, qui pilote le programme global sur les crimes maritimes, la coopération régionale peut être porteuse de réponses pour la sécurité de ces infrastructures partagées. Cette première consultation a ainsi permis d’avoir une vue d’ensemble de la connectivité et des législations dans la région. A terme, il s’agira de définir les lignes directrices d’un plan régional de protection et de résilience des câbles sous-marins.

« Avec cette initiative conjointe COI-ONUDC, la région peut être pionnière dans le domaine. L’Indianocéanie peut être la première région du monde à disposer d’un système adéquat de protection et de préservation des câbles sous-marins reposant sur la coopération régionale et la collaboration avec les opérateurs du secteur » – Dr Amado Philip de Andrés, représentant régional de l’ONUDC

Quelque 10 câbles relient les îles de l’océan Indien à la bande passante internationale. Dernière installation en date : le câble METISS, le plus puissant de la région avec une capacité de 24 Térabits. La COI a accompagné ce projet porté par 6 opérateurs privés des télécommunications de Madagascar, Maurice et La Réunion.