La conférence sur la connectivité numérique organisée par la Commission de l’océan Indien (COI), les 23 et 24 octobre à Maurice, a permis de définir à grands traits les contours d’une stratégie régionale dans le secteur TIC. Cette perspective, sur laquelle se sont accordés les représentants des gouvernements des pays membres, du secteur privé, des organisations internationales et des experts, va dans le sens de la création d’un espace régional innovant, mieux connecté et intégré. Pour Jean Claude de l’Estrac, Secrétaire général de la COI, le développement des TIC, grâce à un accès amélioré au service de large bande passante à des prix compétitifs, est le plus sûr moyen d’atteindre les objectifs de croissance économique de long terme.

Au plan mondial, l’Indianocéanie reste numériquement marginalisée. Pourtant, il existe un potentiel indéniable qu’ont consolidé les investissements réalisés pour l’installation de câbles sous-marins, l’amélioration du débit internet et le renforcement du cadre juridique régissant les TIC.

La stabilité à Madagascar pourrait, selon Jean Claude de l’Estrac, de mettre fin au goulet d’étranglement technique et financier qui handicape le développement des TIC dans la Grande Ile. Aux Comores, la Banque mondiale va financer une bande passante performante, le FLY-Lion 3. Quant aux BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du sud), ils annoncent la mise en place d’un câble sous-marin de 34 000 km de long qui passerait par l’Indianocéanie et qui offrirait une capacité dix fois supérieure à notre câble le plus performant.

Ces développements annoncés devront permettre de soutenir, voire d’accélérer, la croissance économique régionale, comme l’ont démontré différentes études. En effet, selon la Banque mondiale, une augmentation de 10% des connexions Internet haut débit génère 1,4 % de croissance supplémentaire dans les pays en développement.

Reste à relever un défi essentiel à la croissance de long terme du secteur : la formation et l’éducation qui doivent être au rendez-vous pour la création d’emplois à plus forte valeur ajoutée. Et un rapport Mc Kinsey de 2011 de noter que pour chaque emploi détruit par l’Internet, 2,6 nouveaux emplois sont créés tant dans le secteur TIC que dans d’autres secteurs associés.

C’est donc un « cercle vertueux de croissance économique génératrice d’emploi » que peut initier le secteur TIC, a insisté Jean Claude de l’Estrac. C’est d’ailleurs pourquoi la connectivité numérique est l’une des priorités de la politique d’aide au développement de l’Union européenne (UE), comme l’a rappelé la Délégation de l’UE à Maurice. La dynamisation du secteur TIC en vue de l’émergence d’une économie numérique et de la connaissance régionale devrait donc être soutenue par les organisations internationales : « sans vouloir préjuger des travaux de programmation du 11ème FED, on peut déjà anticiper que la connectivité numérique fera partie des secteurs pouvant bénéficier d’un appui régional de l’UE ».

Encadré : Les principales recommandations

A l’issue de ces deux jours de Conférence régionale, on retiendra quelques idées forces qui ont fait consensus :

  • Adopter une approche régionale coordonnée pour créer les conditions de l’émergence d’un environnement commercial et économique attractif grâce aux TIC par l’amélioration de l’infrastructure télécoms et le choix de la fibre optique régionale, l’harmonisation des réglementations
  • Instaurer un point d’échange Internet (IXP) régional permettant de créer une boucle entre les cinq Etats membres de la COI.
  • Adopter dans l’ensemble des pays membres de la COI, des plans de formation et de développement des ressources humaines dans le secteur des TIC.
  • Promouvoir un développement durable grâce aux TIC par l’utilisation du potentiel d’Internet dans l’éducation, l’agriculture, la communication, la recherche etc.
  • Mettre en place une stratégie régionale de lutte contre les cybers attaques. La COI et le COMESA doivent travailler ensemble sur un modèle de sécurité informatique et notamment sur le PKI ou Signature électronique certifiée.
  • Fédérer les associations des acteurs du secteur TIC de la région en partenariat avec l’Union des Chambres de commerce des Iles de l’océan Indien.

Ces orientations pour le futur, portées par la COI, ont été validées par les professionnels et responsables du secteur. Elles doivent contribuer à la mise en place d’une politique régionale TIC, vectrice d’une Indianocéanie dont l’ouverture au monde repose sur les nouveaux moteurs de croissance.