La Commission de l’océan Indien, avec la collaboration du bureau des Nations unies pour Maurice et les Seychelles ainsi que la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (UNECA), a réuni, en format hybride, jusqu’à 120 représentants de ses Etats membres, du Cap Vert, de Guinée Bissau et de Sao Tome et Principe. Objectif ? Valider une proposition de plan régional sur l’économie circulaire.

D’abord, qu’est-ce que l’économie circulaire ?

« L’économie circulaire, en revanche, vise à réduire autant que possible les déchets et à promouvoir une utilisation durable des ressources naturelles, grâce à une conception plus intelligente des produits, à leur plus longue utilisation, à leur recyclage et à d’autres mesures, ainsi qu’à régénérer la nature. » – PNUD, « Qu’est-ce que l’économie circulaire et en quoi est-ce important ? », avril 2023

Premier défi : lever les barrières

Pour les îles d’Afrique – et pour tous les milieux insulaires – l’économie circulaire constitue une opportunité pour relever des défis structurels, notamment :

  • L’éloignement des principaux marchés et donc la dépendance aux importations ;
  • La pollution terrestre et marine et donc La gestion des déchets générés localement ou importés pour les besoins de la consommation courante ;
  • L’accessibilité aux produits locaux ou régionaux ;
  • Et aussi, les enjeux climatique ou énergétique.

En fait, l’économie circulaire vise à repenser les manières de produire et de consommer. C’est l’objectif de développement n°12.

Le plan d’action régional proposé par la COI et l’UNECA a pour objectif de promouvoir l’économie circulaire et de faciliter la mise en pratique de ses principes dans des filières économiques. Il est aussi envisagé de coconstruire des filières régionales, ou inter-îles, pour dépasser les contraintes liées à l’éloignement et à la petitesse des marchés.

A travers le plan d’action régional, la COI encourage la levée de 4 barrières :

  • Les barrières politiques, réglementaires et institutionnelles
  • Les barrières économiques et financières
  • Les barrières techniques et de capacité
  • Les barrières culturelles et comportementales

L’économie circulaire, une opportunité réaliste

Mr Raj MOHABEER, chargé de mission à la COI a souligné :

« Chacune de ces barrières constitue un défi. Mais il est possible de le relever. Cela passe par l’affirmation de cette vision partagée pour des îles durables et par la définition d’objectifs atteignables en engageant ensemble, constamment, le secteur public et les opérateurs privés qui ont un rôle central à jouer »

Et d’illustrer son propos :

« La pollution plastique représente aujourd’hui un enjeu environnemental, un enjeu de santé publique et aussi un enjeu économique. Mais le plastique, notamment les bouteilles plastique, est un matériau peu cher, utile et versatile. Mais si un pays décide de réduire de 60% la consommation de bouteilles plastique, ou même de les bannir, il y a là un objectif atteignable en levant chacune des barrières, c’est-à-dire :

  • Politique et réglementaire en adoptant un texte qui inscrit cet objectif comme une politique publique nationale ;
  • Economique et financière en taxant davantage les bouteilles en plastique afin de décourager sa consommation et de financer des mesures de collecte et de recyclage,
  • Technique et capacitaire en soutenant l’innovation et la mise en place de filières nouvelles pour réduire la production de bouteille plastique et faciliter l’émergence de solutions nouvelles ;
  • Culturelles et comportementales en sensibilisant aux impacts des bouteilles plastique et en imposant progressivement des alternatives comme le retour aux bouteilles consignées ou produites à partir de matériaux véritablement biodégradables.

Il est possible de faire pareil avec les pneumatiques ou avec les déchets électriques et électroniques qui submergent nos îles. En théorie, nous avons donc des opportunités. »

Passer à l’action en ligne avec l’agenda mondial pour les petits Etats insulaires en développement

Partant de la théorie, Lisa Singh, résidente-coordonnatrice des Nations unies pour Maurice et les Seychelles, félicite cette étape en faveur de l’économie circulaire et plaide pour la mise en application effective du plan d’action :

« Pour sa mise en œuvre, des institutions efficaces sont nécessaires pour assurer une approche intégrée de son déploiement avec différents partenaires sectoriels. »

Elle souligne également que le plan d’action sur l’économie circulaire peut jouer un rôle central dans l’opérationnalisation de l’Agenda d’Antigua-et-Barbuda pour les petits Etats insulaires en développement, qui est une déclaration renouvelée pour une prospérité résiliente des îles.

Cet atelier de validation est donc un premier pas. Il reste à passer l’étape de validation politique par les Etats concernés pour qu’ils s’approprient cet outil, mobilise les partenaires publics, privés et internationaux.

La rencontre de Port-Louis a été marqué par l’intérêt et l’enthousiasme des participants, Union africaine, COMESA, IORA, association et organisations du secteur privé (MCCI, Cap Business océan Indien, Business Mauritius, La Déchétèque…).

de gauche à droite : Mme Caroline Tagwireyi, représentante de la Commission de l’Union africaine | Mr Nassim Oulmane, représentant de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) | Mme Lisa Simrique, représentante des Nations unies de Maurice et des Seychelles |Mr Raj MOHABEER, chargé de mission à la COI