“Assurer la sécurité de l’Indianocéanie sur tous les fronts”

csm_SEM_Hamada_Madi_Bolero_dbb4d74589

Message de SEM Hamada Madi Boléro, Secrétaire général de la COI

C’était une investiture qui avait des airs de mini-Sommet. En effet, trois de nos chefs d’Etat ainsi que trois hauts représentants de nos pays membres ont marqué de leur présence la cérémonie de passation entre mon prédécesseur, S.E.M. Jean Claude de l’Estrac, et moi-même. C’est dire l’importance que nos pays accordent à leur Commission de l’océan Indien ! Pour ma part, je suis touché, fier et honoré de l’accueil et du soutien exprimés par la voix de nos plus hauts dignitaires.

Je mesure l’ampleur de la tâche qui est désormais la mienne ainsi que la responsabilité historique qui m’incombe, d’abord en tant qu’Indianocéanien, mais également en tant que premier responsable d’une organisation devant fédérer les intérêts de cinq Nations indépendantes qui forment une Communauté de destin.

La COI constitue, pour nos pays, une véritable valeur ajoutée !

Je sais pouvoir compter sur l’appui et l’implication de nos Etats membres pour réaliser la mission qui m’est confiée. Cet engagement aux plus hauts niveaux de nos Etats m’est nécessaire pour réaliser l’objectif principal que je me suis assigné : la sécurité sous toutes ses formes.

Il faut considérer le monde d’aujourd’hui comme il est : un monde d’opportunités, certes, mais aussi un monde dangereux.

Les réseaux de la criminalité organisée s’engouffrent dans les failles de la mondialisation et menacent la stabilité de tous nos pays. Cette délinquance de grande ampleur touche au cœur de nos sociétés et de notre richesse, par les trafics de drogue qui se répandent de façon rapide, particulièrement au sein de la jeunesse, et par les trafics rémunérateurs qui affectent notre biodiversité, détruisent nos richesses naturelles et ponctionnent les ressources marines.

Face à la montée des périls, la COI doit s’engager aux côtés des Etats pour former un bataillon bien équipé.

Toujours en matière de sécurité globale, je veux considérer, durant mon mandat, la sécurité alimentaire comme un élément essentiel du dispositif de mise en œuvre de notre politique de coopération régionale.

Avec la collaboration de la FAO et du FIDA, et avec l’appui des autorités malgaches comme de tous nos Etats, nous concrétiserons l’idée de faire de ce mandat qui s’ouvre celui de notre souveraineté alimentaire renaissante.

Naturellement, la COI est aussi engagée au service de la sécurité environnementale et climatique. En tant que seule organisation régionale insulaire d’Afrique, qui a été particulièrement active et remarquée à la COP21, je redis solennellement l’importance que j’accorderai à ce volet de notre action.

Aussi, nous poursuivrons l’effort déjà déployé par notre organisation et soutenu par les Etats membres et nos partenaires, en particulier l’Agence française de développement, pour la santé des peuples de l’Indianocéanie. Nous devons consolider et pérenniser cet effort parce que la santé des populations demeure pour nous une priorité fondamentale.

Il ne peut y avoir non plus de sécurité globale sans sécurité économique et financière. Le monde dit moderne ne peut se satisfaire d’une situation dans laquelle l’austérité et le libéralisme à outrance seraient les seules armes pour lutter contre le chômage de masse et la délinquance qui en découlent. La finance internationale doit apporter sa contribution à la construction d’un meilleur équilibre économique et social. Avec nos pays membres et nos partenaires internationaux, nous pouvons engager un dialogue avec les banques et les institutions financières pour trouver ensemble les voies et moyens de soutenir au mieux l’économie réelle et le secteur privé de nos pays.

Nous, Peuples de l’Indianocéanie, avons la chance d’appartenir à une organisation, petite certes, mais capable de tenir un rôle original sur la scène internationale. L’un des nôtres, la France, est aussi membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies. Il en est de même pour la République Populaire de Chine, premier pays membre observateur auprès de la COI. Il est indéniable que cela constitue l’un des meilleurs atouts sur lequel nous pouvons nous appuyer dans la concrétisation de nos objectifs.

L’élargissement de nos partenariats constitue un autre axe de l’action que j’entends mener.  C’est pourquoi, je forme des vœux pour que de nouvelles candidatures de qualité se manifestent.

Dans cet ordre, je pense en particulier à celle de l’Inde qui a toute sa place, à mes yeux, auprès de nous. Je pense aussi à l’Ordre de Malte. Je pense également à l’Organisation Internationale de la Francophonie avec qui vient d’être renouvelé le mois dernier le Protocole de coopération et qui nous permettra d’aller plus loin, en particulier dans les domaines de la culture, de l’enseignement et de l’Etat de droit.

Je pense aussi au monde arabo-musulman, acteur naturel de la vie du Grand océan Indien. Son influence s’est étendue jusqu’à nous et baigne notre environnement proche. Durant les prochaines quatre années, j’espère pouvoir apporter la preuve tangible que nous avons tout à gagner à ce rapprochement.

C’est ce qui m’amène, enfin, à évoquer les moyens au service de notre organisation. La recherche de nouveaux financements est capitale pour assurer la pérennité et l’indépendance de notre organisation.

L’Union européenne est le premier partenaire de la COI. Cette relation historique, au service de notre région mais aussi des intérêts de l’Union européenne, nous est chère et je souhaite que notre coopération soit toujours plus efficace et transparente.

Parallèlement, l’accès au financement du Fonds Vert sera une priorité.  C’est un nouvel horizon que nous a ouvert la COP21.

La COI doit être une force de propositions, aux côtés des autres organisations régionales, face à l’importance du défi auquel l’ensemble des pays ACP va être rapidement confronté avec la fin programmée de l’Accord de Cotonou. C’est pourquoi je propose de tenir, dans les mois qui viennent, une conférence des organisations régionales d’Afrique orientale et australe pour étudier et débattre ensemble, ici à Maurice, des options qui s’offrent à nous tout en veillant au respect des intérêts et de la spécificité des Etats insulaires en développement.

Je forme le vœu de voir le Secrétariat général, les chargés des missions, les chefs de projets, tout le personnel de la COI et mes proches collaborateurs continuer de remplir fidèlement leurs missions pour que la COI s’épanouisse et que les peuples qui y vivent cohabitent en harmonie et dans la paix, pour que VIVE LA REGION DE L’INDIANOCEANIE !