https://www.commissionoceanindien.org/wp-content/uploads/2019/03/DSC_4492.jpg« Les réseaux criminels ont injustement retenu en otage plus de 2000 marins, dont plusieurs seychellois. Nos pensées et nos prières sont avec nos deux compatriotes toujours retenus en otage. Au-delà de ces tragédies individuelles, la piraterie maritime menace toute la région, et toute la planète – directement et indirectement. En effet, elle a modifié les routes maritimes ;elle a augmenté le coût du transport et elle affecte les conditions de vie des populations de tous les Etats de la région… La piraterie est un frein à toute tentative d’intégration régionale ». Le chef de la diplomatie seychelloise et président du Conseil de la COI Jean-Paul Adam, a tenu à rappeler l’impact de la piraterie qui sévit dans la région depuis cinq ans à l’ouverture de l’atelier régional, avant de préciser que « seul le développement de la coopération anti-blanchiment entre les Etats de la région mettra fin à l’impunité des vrais responsables de la piraterie ».

Le Secrétaire général de la COI Jean Claude de l’Estrac a renchéri : «La lutte contre le blanchiment de l’argent de la piraterie est un aspect essentiel du combat mené contre ce fléau, au même titre que l’appréhension et le jugement des pirates en mer.  Elle permet d’atteindre directement les décideurs de la piraterie pour leurs crimes passés, et elle réduit leur motivation à poursuivre leurs actions criminelles ». Il a par ailleurs salué le leadership déterminant des Seychelles, pour mobiliser la région, dresser un front commun contre la piraterie maritime, et créer en juin 2012 l’Unité anti-piraterie sur son sol afin de mieux coordonner la lutte.

Cet atelier s’inscrit dans le cadre du projet d’appui au démarrage du programme régional de sécurité Maritime (MASE), que la COI pilote avec le soutien de l’Union européenne (2 millions d’euros). Le projet MASE, qui englobe les pays de l’Afrique orientale, australe et de l’océan Indien (AfOA-OI) a fait de la lutte contre le blanchiment de l’argent de la piraterie une priorité.

L’atelier réunit des représentants des pays de la COI (Comores, France/Réunion, Madagascar, Maurice, Seychelles), du Kenya, d’Ouganda et de Somalie, des organisations régionales partenaires (COMESA, EAC), de l’Union européenne (et de ses missions dans la région-EUCAP Nestor, EUNAVFOR),ainsi que des experts de très haut niveau des organismes comme INTERPOL, l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime, et le Centre régional de coordination du renseignement et des poursuites judiciaires contre la piraterie basé aux Seychelles (Regional Anti-Piracy Prosecution and Intelligence Coordination Centre –RAPPICC).

Sous l’égide des trois hauts responsables de la COI présents à cet atelier (le Secrétaire général de la COI et son prédécesseur Callixte d’offay, ainsi que le chef de la diplomatie seychelloise), les participants ont planché sur les moyens de relever le défi très complexe de la lutte contre le blanchiment de l’argent de la piraterie.

D’après les estimations de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), plus de 130 millions d’euros ont été versés pour des rançons liées à la piraterie maritime en 2011 (la somme d’argent moyenne demandée est de 5 millions de dollars). Cet argent est introduit dans les systèmes financiers légaux, avec des effets déstabilisants pour les économies de la région.

« Cet atelier est chargé d’identifier les lacunes respectives des Etats au niveau de leur législation nationale et de l’échange d’information, afin que les flux financiers associés à la piraterie puissent être ciblés avec succès», a résumé Jacques Belle, le directeur de l’Unité anti-piraterie. L’évaluation des besoins doit servir à affiner la stratégie régionale de lutte contre ce fléau, adoptée par les Etats membres de la région de l’Afrique Australe et orientale et océan Indien, le 7 octobre 2010 à Maurice.

Le traçage de flux financiers internationaux liés aux activités de piraterie est difficile, et nécessite la mise en réseau et la collaboration étroite entre les organisations régionales impliquées, notamment la COMESA (qui portera la responsabilité de mettre en œuvre cette stratégie dès 2013), les organisations internationales les plus compétentes en matière de coopération et d’échange d’informations policières et les bailleurs de fonds qui soutiennent cette mobilisation régionale. L’atelier doit notamment privilégier les solutions opérationnelles, pratiques, et concrètes, qui faciliteront par exemple l’accès des services d’enquête à l’information et l’échange d’informations. La mise en place d’un mécanisme régional d’échange d’informations relatives au blanchiment est ainsi à l’étude.