Faire front commun pour combattre le trafic et la consommation de stupéfiants dans la région. C’est en substance le message essentiel de la Conférence régionale sur la drogue organisée par le gouvernement mauricien du 26 au 27 avril 2023 à Port-Louis. La Commission de l’océan Indien a soutenu l’organisation de cette conférence à travers ses programmes MASE et « Sécurité portuaire », tous deux financés par l’Union européenne. Dix pays de l’océan Indien occidental ainsi que des organisations internationales et régionales et des institutions nationales ont pris par à cette conférence. Celle-ci a posé les jalons d’une mise en réseau des acteurs de la lutte contre le trafic et la consommation des stupéfiants et convenu d’identifier les moyens de créer un observatoire régional des drogues.

Une lutte qui se mène aussi en mer

« L’unité est essentielle pour lutter contre le fléau de la drogue dans la région ».

C’est l’appel du Premier ministre mauricien, Hon. Pravind Kumar Jugnauth, à l’ouverture de la conférence de Port-Louis. En effet, les territoires de la zone sont à la fois des zones de consommation, de production et/ou de transit de stupéfiants. Pour combattre le trafic de drogue, il convient donc de renforcer les dispositifs de surveillance, de contrôle et de répression en mer.

La COI, avec le soutien de l’Union européenne, a mis en place une architecture régionale de sécurité maritime depuis 2018. Deux accords régionaux signés par les Etats membres de la COI, Djibouti et le Kenya facilitent l’échange et le partage d’information ainsi que les actions coordonnées en mer. Ainsi, deux centres régionaux ont été mis sur pied : le Centre régional de fusion de l’information maritime (CRFIM) basé à Madagascar et le Centre régional de coordination opérationnelle (CRCO) basé aux Seychelles.

Capacités minimales

L’architecture régionale de sécurité maritime permet aux pays de la zone d’atteindre un seuil minimal de capacités de sécurité maritime. Il est question d’intelligence, c’est-à-dire de collecte, de fusion, d’analyse et de partage d’informations ainsi que d’interventions coordonnées par des moyens navals, aériens, satellitaires mutualisés.

Pr. Vêlayoudom Marimoutou, Secrétaire général de la COI, détaille :

« Outre l’architecture de sécurité maritime que nous souhaitons consolider dans le cadre d’une deuxième phase du programme MASE et pour lequel nous espérons un soutien renouvelé de l’Union européenne, la COI coordonne le programme de sécurité portuaire et de sûreté de la navigation sur financement européen avec la contribution technique de l’ONUDC, d’INTERPOL et de l’Organisation maritime internationale. La surveillance aux frontières, les capacités techniques et technologiques des administrations douanières, maritimes et portuaires, participent directement au combat contre le narcotrafic. La même approche doit être prise au niveau de l’aérien. Il nous faut donc une approche holistique, pour des actions collectives, systématisées et multisectorielles. La COI est pleinement engagée auprès de ses Etats membres et des autres pays de la région qui croient dans la pertinence, l’utilité concrète et la valeur ajoutée des mécanismes régionaux que nous portons à l’image de l’architecture régionale de sécurité maritime. »

La conférence de Port-Louis a donc permis de mobiliser l’ensemble des parties prenantes pour faciliter les collaborations. Les autorités mauriciennes ont également réitéré leur volonté d’accueillir une nouvelle conférence régionale sur la sécurité maritime lors de laquelle les recommandations de la rencontre des 26-28 avril pourront être portées à l’attention des participants en vue d’une mise en réseau effective, notamment dans les actions de lutte contre les trafics. Pour ce qui est de la consommation de stupéfiants, les acteurs qui ont pris part à la conférence de Port-Louis ont pu échanger sur leurs expériences et ainsi partager les leçons apprises qui nourriront, sans doute, des échanges futurs.