Deux réunions complémentaires aux Seychelles ont permis aux sociétés nationales d’électricité et aux régulateurs d’approfondir la coopération régionale en matière d’énergie.

Et de trois pour le Club des électriciens ! En effet, les membres de ce réseau, qui regroupe les sociétés nationales d’électricité de la région, en l’occurrence la MA-MWE (Comores), EDF (France/Réunion), la JIRAMA (Madagascar), le CEB (Maurice) et la PUC (Seychelles), se sont rencontrés pour la troisième fois le 30 juillet à Mahe aux Seychelles. Bénéficiant de la participation des Points Focaux Nationaux du programme ENERGIES, cette réunion élargie a permis aux électriciens de poursuivre leur travail sur des thèmes essentiels, tels que la politique tarifaire et les aspects institutionnels ayant trait à l’arrivée de nouveaux acteurs dans le secteur énergétique et la mise en place de cadres régulateurs.

De son côté, le Réseau des régulateurs s’est constituée lors de sa première rencontre formelle le 31 juillet. Créée lors du Forum régional des énergies durables en mai 2018, le Réseau a également défini ses règles de fonctionnement et le type d’apport que ses membres attendent de ces rencontres.

Pour l’animateur de ces réseaux, Alain Doulet, cette troisième rencontre a permis au Club des électriciens de continuer sur sa belle lancée : « Les présentations d’un excellent niveau ont permis des échanges approfondis qui apportent à chaque membre des éléments de réflexion et de consolidation de leur démarche. C’est essentiel car dans des petits pays, il est très difficile de mobiliser toute l’expertise dans tous les domaines ; donc pouvoir la partager avec d’autres qui ont des préoccupations proches permet de progresser plus vite.

« Les échanges ont d’ailleurs permis d’identifier d’autres sujets à traiter en commun dans les réunions suivantes. Les échanges sur les politiques tarifaires ont permis d’évaluer les avantages et les inconvénients de chaque structure tarifaire et d’expliquer comment conduire une étude tarifaire ».

Alors que les Etats membres de la COI ont tous des sociétés d’électricité bien établies, tel n’est pas le cas en ce qui concerne les régulateurs d’énergie qui pour la plupart en sont encore à leurs balbutiements. D’où la nécessité d’organiser des échanges réguliers.

« Compte tenu de la jeunesse des organisations, les attentes tournent plus autour d’un apport de compétence que d’un partage d’expérience. Ces apports doivent faciliter la constitution des ‘grid codes’ nationaux qui même s’ils ont des points communs évidents entre pays, restent tout de même spécifiques. Ceci permettra à chaque pays de progresser plus vite dans la constitution de son propre ‘grid code’, outil indispensable pour intégrer les ‘Independent Power Producers’ et faciliter l’arrivée de nouveaux investisseurs », constate Alain Doulet.

Comme c’est le cas à chaque réunion, les membres du Club des électriciens et du Réseau des régulateurs ont eu l’occasion de découvrir des installations électriques du pays hôte. Ainsi, ils ont pu visiter la centrale thermique de Victoria et le parc éolien de l’Ile de Romainville, tous deux opérés par la PUC. Ces visites de terrain permettent de renforcer davantage le dialogue et les liens entre les participants.

« Ces rencontres permettent de créer des liens, d’établir des contacts et d’avoir une meilleure compréhension du fonctionnement des autres iles en ce qui concerne la gestion de l’énergie, la politique énergétique et l’intégration des énergies renouvelables dans les systèmes électriques », explique le directeur régional adjoint d’EDF, Jean Bernard Terrier.

Ketakandria Rabemananjara et Andry Andriantsilavo, respectivement directeur de la législation et directeur de la planification à l’Office de Régulation de l’Electricité (ORE), qui sera appelé à devenir l’Autorité pour la Régulation de l’Electricité (ARELEC), ont été séduits par cette première réunion : « Ça a été une réussite, on a pu atteindre nos objectifs avec l’élaboration d’un fonctionnement de travaille et un calendrier sur le court et moyen terme. On a pu avoir un aperçu des ‘grid codes’ des autres membres et on aimerait poursuivre les échanges sur ce thème car nous espérons sortir avec une ébauche de notre ‘grid code’ à Madagascar en avril 2019 ». D’ici la prochaine réunion de l’Association, toutes les contributions au ‘grid codes’ nationaux déjà existantes seront mises à disposition de tous.

Pour sa part le PFN de Maurice, Pradeep Soonarane, estime que ces réunions serviront à jeter les bases pour « des accords bilatéraux entre les pays, à condition d’avoir le cadre politique requis » dans le domaine notamment de la gestion de crise.

Les prochains sujets traités par l’Association des régulateurs seront : un apport sur bouclage coût/performance au travers du tarif et un partage sur le cadre légal alors que la prochaine réunion du Club qui aura lieu aux Comores le 9 octobre traitera notamment des projets smart grids engagés et proposera une évaluation des outils de modélisation.

C’est quoi un « grid code » ?

Selon l’Observatoire de l’Industrie Electrique français, le « grid code », ou code de réseau, constitue « l’architecture légale et réglementaire de l’intégration des marchés et des réseaux électriques. Ils définissent non seulement un corpus de règles, mais dessinent aussi, pris dans leur ensemble, le modèle vers lequel évolue progressivement le système électrique ».