Lors de la 27e session de la Commission des Thons de l’Océan Indien, qui s’est tenue à Maurice du 8 au 12 mai 2023, la Fédération des Pêcheurs Artisanaux de l’Océan Indien (FPAOI) et le Forum des Thons du Sud Ouest de l’Océan Indien (SWIOTUNA) ont présenté un ensemble détaillé de prises de position et de recommandations de polices en faveur de la transparence dans la gestion des pêches à la Commission des thons de l’océan Indien (CTOI). Entrons dans le vif du sujet…
Manque d’information
Les pêcheurs artisanaux des communautés côtières sont à la croisée des chemins. Leurs moyens de subsistance dépendent en grande partie des ressources marines qui se trouvent à proximité de leurs villages, car elles contribuent à l’économie, la sécurité alimentaire et aux besoins nutritifs de tout un chacun. Cependant, la santé des stocks de thon est en constante baisse.
Ce déclin est causé par plusieurs facteurs, notamment : l’accès inégal aux ressources ; la surpêche ; la détérioration de l’écosystème ; ainsi que le changement climatique. Malheureusement, les pêcheurs peuvent difficilement participer aux décisions concernant ces précieuses ressources en raison du manque de transparence. Dans bien des cas, les gouvernements ne fournissent pas les données essentielles relatives au secteur de la pêche, telles que les lois, les permis, les évaluations des stocks, les données sur les captures et les subventions.
Les données incomplètes ou inaccessibles entravent la gestion efficace et durable de la pêche, la surveillance, la responsabilité et le dialogue public. La marginalisation et la sous-évaluation de certains groupes, comme les pêcheurs artisanaux et les femmes dans les chaînes d’approvisionnement de la pêche, limitent la visibilité dans les débats nationaux.
La transparence, une priorité
Compte tenu du besoin pressant d’une pêche durable, la FPAOI et SWIOTUNA sont fermement convaincues que la transparence est la clé d’une gouvernance efficace et d’un partage équitable des bénéfices.
La FPAOI et SWIOTUNA appellent tous les membres de la CTOI à confronter l’épuisement alarmant des stocks de thon dans l’Océan Indien. Alors que l’appel à la transparence devient de plus en plus pressant, les deux organisations ont rappelé aux membres et aux observateurs de la CTOI leur objectif principal : s’assurer d’une utilisation optimale des stocks de thons grâce à une gestion et une conservation appropriées. Elles ont insisté auprès des États côtiers et de leurs communautés scientifiques pour se pencher sur l’épuisement des stocks de thon causé par une pêche excessive et des techniques destructrices. Afin de résoudre ces problèmes et de révéler le potentiel socio-économique de la pêche, leurs recommandations sont :
- Démonstration d’une gestion durable de la pêche : permettre aux nations de pêche de démontrer leur capacité de gestion durable renforcera la confiance des partenaires commerciaux, investisseurs, fournisseurs et donateurs internationaux concernant l’approvisionnement en denrées maritimes, le commerce et les décisions d’investissement.
- Lutter contre les rumeurs et la méfiance : l’accès à des informations crédibles et fiables permet de lutter contre les rumeurs, la désinformation et la méfiance. Face à des défis tels que l’épuisement des stocks de poissons, la transparence est essentielle afin d’apaiser les craintes des pêcheurs quant à leurs moyens de subsistance et leur avenir.
- La coopération régionale et internationale : il est important d’entretenir la confiance entre les parties prenantes pour stimuler la coopération régionale et internationale. Le partage d’informations actuelles et de qualité entre les États favorise la bonne gouvernance et la gestion durable des stocks de poissons migrateurs.
Une obligation légale
La transparence dans la gestion de la pêche ne devrait pas être un simple choix, mais bien une obligation légale et un droit fondamental, en particulier pour ceux qui dépendent de la pêche. Les normes internationales, dont les directives volontaires pour une pêche durable à petite échelle ; le cadre politique ; la stratégie de réforme pour la pêche, et l’aquaculture en Afrique, soulignent l’importance de la transparence.
Quand la transparence permet de combler le fossé créé par le manque d’informations, elle renforce les communautés et fait de la pêche durable une réalité.