Le cœur à la mer, mais les pieds sur terre… Voilà comment nous décrirons Randriatahina Edmond. Plein d’assurance et d’optimisme, avec sa chemise décontractée à motif de poissons, ce fervent pêcheur malgache est conscient des enjeux des pratiques de pêche non-adéquates. Il n’a qu’une envie : que les pêcheurs s’orientent vers de meilleures solutions.
Plus comme avant !
C’était en 1990. Passionné par la mer, Edmond – détenteur d’une Licence en Sciences naturelles – décide de mettre son domaine d’expertise de côté pour faire de la pêche son métier. À l’époque, cette activité rapportait beaucoup. Il était facile de compter des prises quotidiennes allant jusqu’à 800 kilos !
Malheureusement, ce temps est révolu. Aujourd’hui, on ne compte plus que 40 kilos de prise les meilleurs jours. Et certains jours, rien… En cause : le changement climatique, la surpêche et surtout la pêche illégale.
« Beaucoup de pêcheurs emploient des méthodes de pêche destructives, utilisant des filets à mailles par exemple. D’autres pratiquent la pêche côtière, qui malheureusement favorise la surpêche », précise Edmond.
Randriatahina Edmond a beaucoup appris sur les pratiques de pêche. Soucieux de partager ses connaissances avec ses pairs, Edmond est devenu formateur dans l’espoir d’un meilleur avenir pour la pêche.
Coup de pouce de la FPAOI
Pour consolider et diffuser les bonnes pratiques de pêche, la Fédération des Pêcheurs Artisans de l’océan Indien (FPAOI) s’est engagée à aider les pêcheurs de la région. Cet appui est rendu possible grâce au concours de la Commission de l’océan Indien (COI) et de la Banque mondiale à travers le projet SWIOFISH2.
En plus d’encourager la pêche au large, où l’on retrouve de plus gros poissons, ce projet comprend des formations sur la gestion durable des ressources halieutiques ou encore une meilleure gestion des déchets des pêcheurs pour aider à de meilleures prises…
Et ça marche ! Edmond explique :
« Nous constatons effectivement que, depuis ces formations, les prises de poissons commencent à augmenter. Les exercices de sensibilisation pour la protection, le reboisement et la restauration des mangroves portent également leurs fruits ! Les pêcheurs reconnaissent enfin l’importance des mangroves. Là, on pourra retrouver des crabes, des crevettes et des poissons ! »
Et la suite ?
C’est d’un regard plein d’espoir qu’Edmond pense à l’avenir du secteur de la pêche à Madagascar. Il n’y voit que du positif à poursuivre ces formations et activités de sensibilisation. Les nombreux ateliers de la FPAOI aideront à renforcer ces connaissances et compétences acquises.
« Lorsque je vais pêcher sur au nord-ouest de Mahajanga, je croise souvent d’autres pêcheurs. Ils sont nombreux à toujours pêcher comme leurs grands-pères, avec des méthodes inadéquates. Il y a un gros travail de sensibilisation à continuer pour les convaincre d’appliquer les nouvelles techniques de pêche », préconise Edmond.
Une ambition que partage ce pêcheur avec l’ensemble des membres de la FPAOI. La voie est tracée !